Patricia Montero nous en a donné la raison: " ces 3 à 4 dernières semaines, nous avons commencé à recevoir des pressions venant des propriétaires de la chaîne de télévision. Il y a eu de nombreuses insinuations et des pressions afin d'avoir une ligne éditoriale en faveur de Keiko Fujimori."
Une information confirmée par José Jara: " on m'a mis dehors parce que je n'ai pas soutenu Fujimori et je n'ai rien fait pour attaquer Humala. Nous n'avons jamais voulu prendre position pour qui que ce soit. Nous avons traité les deux candidats de manière égale."
Montero ajoute que la pression est venue en particulier de deux membres du conseil d'administration de la chaîne, Martha Meier Miró Quesada et Luis Miró Quesada: "ils ont fait pression pour que nous soyons anti-Humala et que nous évitions de faire des reportages sur lui. Ils nous ont accusé de vouloir l'humaniser. Et ils ont jugé que nous étions responsables de sa victoire au premier tour. Le conseil d'administration est pro-fujimori.Tout le monde le sait. Martha Meier Miró Quesada a été candidate au congrès avec le parti d'Alberto Fujimori il y a quelques années."
Montero précise sa vision de l'éthique journalistique: " On a fait du journalisme. Nous avons montré et expliqué le programme des deux candidats, les bonnes et les mauvaises choses. Canal N s'est battu contre la dictature des années Fujimori dans les années 90. J'étais là, je suis l'une des fondatrices de cette chaîne. On a même montré la corruption sous la présidence de Fujimori."
Montero explique son quotidien de ces dernières semaines électorales et le harcèlement dont elle fut victime avec son équipe: " Quand nous faisions une interview d'Humala, on nous appelait aussitôt pour le couper au montage. Quand il s'agissait de Keiko Fujimori ou de son équipe, personne ne nous a demandé de faire la même chose. Je crois qu'ils veulent contrôler la chaîne pour s'assurer que Humala ne gagne pas l'élection."
Montero ajoute qu'elle n'est pas une pro-Humala et qu'elle a même de sérieux doutes concernant sa politique économique avec les nationalisations d'entreprises. Elle s'inquiète également de ce que sera la liberté de la presse sous Humala. En attendant, Montero compte poursuivre son métier, dans un autre média qui acceptera la liberté d'expression.