Un chef-d’œuvre de Tsui Hark, ça faisait bien dix ans qu’on n’en avait plus vu en France. Heureusement, l’Europe a une forte relation avec le personnage éponyme de ce film puisque ses aventures littéraires, conçues par Lin Quian-yu à partir d’un personnage réel, furent popularisées en Occident d’abord par Robert van Gulik, puis actuellement par Frédéric Lenormand, sous le nom de juge Ti. Ainsi, le maître du cinéma Hong-Kongais est de nouveau importé chez nous avec, par le biais de cette adaptation d’un récit fouillé, une réalisation aussi esthétique qu’ingénieuse.
Le film nous emmène dans la Chine du VIIe siècle, lors de l’ère de la dynastie Tang, alors qu’une femme, la première, s’apprête à acquérir le titre d’impératrice. Une série d’étranges combustions spontanées mettant en péril son couronnement l’amène donc à recourir aux services du meilleur détective en la matière sur les questions des sciences obscurantistes : Dee. Un monde de mystères ancestraux et de solutions scientifiques à ceux-ci s’ouvre alors à nous.
La tradition du wu xia pian (film de sabre chinois) et la rigoureuse qualité esthétique du cinéma asiatique en général, à propos de la lumière et du cadre, nous permettent de savourer une réelle peinture exotique en mouvement. Évidemment, des combats extrêmement chorégraphiés sont de la partie. Nos yeux seront notamment subjugués par les extraordinaires combats et la mort de l’Aumônier : des scènes si magistrales et originales ! Il subsiste malgré tout un mauvais point. Le recours à des images de synthèses assez laides et artificielles pour représenter des décors ou certains éléments. Cependant, Tsui Hark n’atteint pas le dégoût répulsif suscité par L’Imaginarium du Dr. Parnassus, le dernier film en date de Terry Gilliam, et ces modélisations sont très vite oubliées pour laisser place à l’enchantement que nous offre ce film d’une très grande qualité technique et artistique.