Comparaison entre l’immigration en France et l’immigration en Suisse : qui gagne ?

Publié le 22 avril 2011 par David Talerman

L'immigration semble être le thème choisi par les politiques français pour la campagne présidentielle qui a commencé avec 1 an d'avance en France.

Et il n'y a pas que le Front National qui dénonce la situation. Le ministre de l'intérieur français multiplie les déclarations sur l'immigration, et la droite modérée s'empare également du sujet. En bref, tout porte à croire que l'avenir du pays est conditionné à la manière dont les candidats traiteront la question de l'immigration. Et pour amplifier le tout et faire peur aux citoyens, les médias français prédisent déjà un cataclysme avec une Le Pen au 2ème tour, tout en sachant très bien que les sondages ne veulent absolument rien dire.

En Suisse, où on est beaucoup plus dans le "politiquement correct", on adresse les sujets d'une manière un peu moins émotionnelle mais tout aussi réelle : dans un canton comme Genève, on montre du doigt les expatriés, l'UDC joue son rôle habituel, et les verts d'Ecopop s’apprêtent à lancer une initiative populaire pour limiter l'immigration pour des raisons environnementales.

Devant un tel soulèvement de boucliers, de part et d'autre de la frontière, j'ai décidé de me pencher un peu sur la question. Et ce que j'ai découvert m'a laissé assez perplexe.

L'immigration en France et en Suisse : les chiffres

FranceSuisse

Immigration de travail22 450 (18,4%)59 365 (49,4%)

Immigration liée au rapprochement familial78 065 (63,9%)43 280 (36%)

Réfugiés politiques10 373 (8,5%)3 129 (2,6%)

Autres11 110 (9,1%)14 421 (12%)

Total121 998 (100%)120 195 (100%)

SourcesMinistère de l'Immigration, données 2009Office Fédéral des Migrations, ODM, données 2010

Les chiffres ci-dessus ne tiennent pas compte pour la France de l'immigration "temporaire" (les saisonniers notamment, au nombre de 8 000, alors qu'en Suisse ils le sont probablement, mais cela ne change pas grand chose aux chiffres), ni des visiteurs, au nombre de 4 000. Dans les 2 cas, je ne tiens pas non plus compte des étudiants étrangers.

Le nombre d'immigrants en France qui viennent s'installer est équivalent au nombre d'immigrants en Suisse

Donc rendez-vous compte : la Suisse, dont la population est d'environ 7,8 millions d'habitants, a une immigration équivalente à celle de la France, qui elle à 65,8 millions d'habitants, soit plus de 8 fois plus que la Suisse...

Ce qu'il est intéressant de constater, c'est également la nature des migrants : en Suisse, l'immigration liée au travail représente près de la moitié des migrants, alors qu'en France elle est d'à peine 18%.

Si on regarde les rapprochements familiaux, on constate côté France en moyenne que pour un étranger qui vient travailler, 3,5 membres de la famille viennent en France au motif du rapprochement familial. En Suisse, le ratio est inversé puisque pour un étranger qui vient travailler en Suisse, 0,7 membres de la famille viennent s'installer en Suisse...

Je crois qu'à la lueur de ces simples chiffres, on peut affirmer sans difficulté que le problème du gouvernement français ne devrait pas être de limiter l'immigration, puisqu'elle est indispensable à la croissance du pays, mais plutôt d'opérer plus de contrôles. Car on ne me fera pas avaler que tous les étrangers qui viennent travailler en France ont, en moyenne, un conjoint et plus de 2 enfants.

L'immigration suisse d'une année représente environ 1,5% de la population suisse

Les chiffres de l'immigration en Suisse sont impressionnants, rapporté à la population (l'immigration Suisse d'une année représente environ 1,5% de la population totale, contre moins de 0,2% pour la France). Mais pour assurer sa croissance, le pays n'a pas vraiment le choix et a besoin de ces étrangers. Quoi qu'il en soit, je juge les préoccupations suisses sur le sujet plus que légitime, contrairement à la France dont les politiques semblent plus jouer sur l'émotion et la peur que sur les statistiques réelles.
Et sans vouloir faire de politique, on peut se poser la question suivante : sans problématique d'immigration, le FN n'existe plus. Or, la seule vraie chance pour le président français de rempiler pour un 2ème mandat, actuellement, serait de se retrouver au second tour avec Marine Le Pen. Ce qui explique peut-être pourquoi on nous parle tant d'immigration ces derniers temps...

La question de l'intégration

Tout ceci n'apparaît pas dans ces statistiques, mais on peut également se demander si la question de fond ne serait pas plutôt l'intégration des étrangers : alors qu'en France leur nombre est particulièrement réduit, en comparaison de la population, par rapport à la Suisse, il semble assez évident que la politique d'intégration en France est un échec cuisant. En Suisse, alors même que plus de 20% de la population résidente est étrangère, on doit tout de même avouer que le système fonctionne, malgré quelques problèmes. Peut-être est-il temps que les autorités françaises s'inspirent des méthodes suisses. Mais de cela, je vous en reparlerai dans un autre billet.

Et vous, que pensez-vous de ces chiffres ?

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