Un Sénateur, Richard Yung, encarté Parti Socialiste, s’oppose au projet de loi pénalisant le client et propose qu’on aille vers la légalisation véritable de la prostitution.
C’est cet oubli flagrant – voire cette ignorance – des craintes etrevendications légitimes des prostituésqui est le plus choquant dans cette mesure. Les prostitué-e-s ne sont pas toujours des victimes naïves qu’il faudrait protéger d’elles-mêmes. Certain-e-s sont aujourd’hui, et cela depuis des années, organisés. J’ai rencontré beaucoup de membres du STRASS (Syndicat du travail sexuel). Loin de l’image sordide dépeinte par les partisans de la pénalisation, ces prostitué-e-s revendiquent des droits et font des propositions politiques argumentées :
- Ils/Elles demandent de mettre ledroit de leur côté et de les intégrer pleinement à notre société: accès à la justice, liberté d’aller au commissariat sans a priori de la part des forces de l’ordre afin de pouvoir enregistrer une plainte pour viol, droit à une retraite, droit à une sécurité sociale, droit à la formation professionnelle mais aussi le droit de payer des impôts.
- Ils/Elles souhaitent que laprostitution soit officiellement autorisée, alors qu’aujourd’hui elle est seulement tolérée.
- Ils/Elles demandent la suppression du racolage passifqui permet, avec le plus arbitraire, leur garde à vue abusive, voire leur condamnation.
- Ils/Elles refusent ets’opposent à un proxénétisme d’État ou d’entreprise–les maisons closes– et demandent que les prostitué-e-s soient autorisé-e-s à se regrouper pour exercer leur activité dans des cabinets, coopératives, associations hôtelières à but non lucratif, etc.
- Ils/Elles appellent ainsi de leurs vœux que leproxénétisme de soutien, c’est-à-dire toute personne qui se livre à une transaction économique avec une personne prostituée, comme un chauffeur de véhicule ou un compagnon,soit autorisée. À l’inverse, le proxénétisme de contrainte doit être fortement réprimé tout comme la prostitution avec un mineur et l’exploitation des autres.
Je pense donc qu’il faut soutenir les personnes au cœur de ce système : les prostitués et refuser la pénalisation du client qui les précarisera. C’est un débat difficile mais l’occasion est bonne pour le faire avancer. Le Parti socialiste a une responsabilité particulière en matière deprogrès des mœurs et de la société, nous devons l’assumer.