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Des milliers de morts dans la paisible campagne lorraine

Publié le 22 avril 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff

DES MILLIERS DE MORTS DANS LA PAISIBLE CAMPAGNE LORRAINELorsque l’on traverse le plateau lorrain entre le village de Boucheporn et le petit bourg de Boulay, on est loin de s’imaginer ce qui s’est passé pas loin de cette route, caché par les arbres d’une petite forêt.

C’est là, sur la commune de Denting , que se trouve le camp du Ban Saint Jean à l’histoire méconnue autant que tragique.

Ce petit camp était à la base une sorte de petite cité abritant les familles des militaires posté sur la ligne Maginot toute proche. Une petite cité fleurie dont la roseraie était la fierté. Après la drôle de guerre, en 1940, le camp est brièvement transformé en camp de détention pour les soldats français, dont le plus illustre fut sans doute François Mitterand qui s’en échappa en novembre 1941, par l’occupant allemand avant de de devenir un camp secondaire rattaché au stalag XIIF de Forbach au début de l’automne 1941 et ce jusqu’à l’arrivé des américains au début de l’hiver 44.

Un camp destiné avant tout à « accueillir » des prisonniers soviétiques et notamment ukrainiens, venant de tout le front de l’Est. Ceux qui le pouvaient allaient travailler dans les fermes du coin , d’autres dans les mines de houilles de Creutzwald, d’autres encore étaient employés à démanteler les installations de la ligne Maginot…d’autres enfin, trop faibles étaient condamnés à mourir. Parfois on dénombrait jusqu’à 30 morts par jour, qu’on transportait dans des charrettes jusqu’à des fosses communes dont il semblerait que toutes n’ont pas encore été découvertes. 3500 à 4000 personnes survivaient dans ce camp en septembre 1943.

Officiellement , les fouilles menées sur le site font état d’un peu plus de 2800 corps retrouvés ensevelis sur le site mais certains n’hésitent pas à porter le nombre de victimes ayant perdu la vie ici à 22000 ce qui en ferait le plus important lieu de massacre organisé en France ;  La majorité d’entre eux étaient soviétiques et notamment ukrainiens .

Les autorités françaises n’ont pour le moment jamais fait preuve d’un intérêt très grand pour ce lieux qui tombe en ruine et qui mériterait un autre sort que d’être livré à la végétation et au vandalisme. Certains se battent pour faire vivre la mémoire de ce lieu de souffrance où sans doute reposent encore bien des cadavres comme en témoigne la découverte il y a quelques mois d’un crâne humain.

Oui, en 39-45 on est mort ailleurs que dans les camps de concentration « classiques », et parfois, c’est bien aussi de le rappeler.


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