Poezibao publie aujourd’hui un compte rendu d’une journée autour de Claude Mouchard, samedi 16 avril, à La Maison de la poésie de Paris. Il y fut notamment question d’Ossip Mandelstam que l’on retrouve dans ces poèmes d’un de ses traducteurs en français, Henri Abril.
Tercets pour Ossip
L’écho impur au fond du silence
La poésie à naître, si lente,
sous la vanité d’un coup de langue
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Les morts aussi tiennent en laisse
leurs chiens. Et la nuit se lève
dans la mémoire moins récurrente qu’un faux soleil.
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Comment survivre aux empires ?
Le dieu dévié, l’ange qu’on décapite
La moelle intacte de l’utopie.
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Dans nos bouches toujours entrouvertes,
Ossip, ton poème sera entré avec
la fin du monde – ses croix vaines
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Haine de l’âme mal vécue
comme une vague sans écume.
Au loin, le ciel lacustre.
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Toute vie dehors, Voronej –
jet d’ombre noire qui naît
dans la gorge du limonaire.
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Quatrains sous la rumeur de l’exil
10
Toi qui crus à l’imaginaire,
Au miel ou fiel de l’équivoque,
Ce qu’il te faudrait : ne plus naître.
Et marche sur les eaux ! et vole !
11
Sous tes paupières, le ciel que nous fûmes /
Le désert en fragile équilibre /
Toutes ces lèves qui se refusent
Aux algues barbares / La mort oblique,
12
L’absolu, l’intraduisible –
Tel Dieu pénétré par Dieu,
mais aussi la muse sans musique,
Les yeux toujours vides de l’yeuse
Henri Abril, Gare Mandelstam, Circé, 2005, pp. 8, 9 & 66
Bio-bibliographie d’Henri Abril
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