Folle de jalousie, Miyazawa fait tout pour le dépasser et s’approprier ce qu’elle estime devoir lui revenir. Mais un jour, Arima découvre par accident la véritable personnalité de Miyazawa : très vite, les ennemis deviennent amis, et un jour, l’amour…
Si Kare Kano reste une référence depuis plus de 12 ans – et tout porte à croire que le culte ne s’arrêtera pas de si tôt – c’est parce-que cette histoire conte avec une adresse hors norme les tourments et les délices du premier amour.
Discours universel, donc, mais si loin des clichés du genre qu’il en devient presque une redéfinition. Par l’originalité du traitement de son thème d’abord, puisqu’on ne voit pas souvent deux amoureux commencer leur relation à travers une rivalité si féroce. Par son romantisme ensuite, car on croise rarement deux personnages aussi attachants, et il y en aura d’autres tout au long de l’histoire pour compléter un tableau déjà peu commun. Par son humour enfin, et ce n’est pas simple de plaisanter sur ce sujet – surtout si on veut se montrer vraiment sensible.
Au-delà des clichés de l’adolescent moyen, les différents protagonistes montrent chacun tour à tour des blessures de l’enfance et autres traumas profondes qui ne laisseront probablement pas le spectateur indifférent ; il se peut d’ailleurs qu’il se sente concerné, du moins jusqu’à un certain point. En filigrane, on peut apercevoir une critique fugace du système éducatif japonais qui n’hésite pas à s’immiscer dans la vie privée des étudiants pour entretenir le culte de l’élève modèle au détriment du bonheur de ce dernier – un élément de réflexion hélas laissé en friche dans le reste du récit alors qu’il présentait un potentiel certain…
On regrette par contre qu’une fois passé la première vingtaine d’épisodes, l’intrigue s’étiole entre trop de personnages, se dilue dans trop de récapitulations, s’abîme dans un humour trop répétitif, perd son audience enfin. Cette recette aurait pu se poursuivre longtemps à la plus grande joie du spectateur mais la rumeur prétend que Masami Tsuda n’était pas satisfaite de voir son œuvre adaptée avec autant de désinvolture au détriment de la romance, de sorte que cette série finit de manière un peu abrupte, voire mal diront certains dont je ne fais pas partie.
Mais que cette conclusion ne rebute pas le lecteur, car à la fois drôle, poétique et adroit – rien que pour cette première moitié d’anthologie – Kare Kano vaut largement le détour.
Et je ne vous ais même pas parlé de la bande originale…
Notes :
Cet anime est une adaptation du manga éponyme de Masami Tsuda, disponible en 21 volumes chez Tonkam.
Dans le premier épisode, un dialogue a lieu au sujet du single Boomerang Street de Hideki Saijo sorti le 15 mars 1977. Une reprise intitulée Boomerang Straight, quant à elle, atterrit dans les bacs le 21 novembre 1992.
Dans l’épisode 11, alors qu’elles sont en ville, les filles voient dans un magasin des figurines de Totoro, le personnage culte de Mon Voisin Totoro (Tonari no Totoro, 1988) du célèbre film de Hayao Miyazaki.
Dans l’épisode 18, à l’école, on aperçoit brièvement un appareil de chimie marqué de l’immatriculation NCC-1701, numéro de série du vaisseau spatial USS Enterprise dans la mythique série TV Star Trek (1966-1969).
Entre elle et lui (Kareshi Kanojo no Jijou), H. Anno & K. Tsurumaki, 1998
Dybex, 2010
26 épisodes, environ 30 € l’édition Gold intégrale