LE MONDE DES LIVRES | 21.04.11 | 18h29
Au début du mois de juin 2010, une quinzaine d'écrivains français traversaient la Sibérie, à l'occasion de l'Année France-Russie. Lectures et rencontres de Moscou à Vladivostok, dans le but de faire connaître une littérature française qui n'a pas forcément les faveurs des libraires russes. Le tout organisé par l'Institut français, ex-Culturesfrance. Dix mois plus tard, trois livres paraissent, en partie nourris par cette traversée : ceux d'Olivier Rolin, Mathias Enard et Sylvie Germain. Trois géographies littéraires cousines, et des choix différents. Mais tous hantés parLa Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France,de Blaise Cendra
Dans “Les variations sibériennes”, qui ne sont que la première partie duMonde sans vous, de Sylvie Germain, tombeau en deux temps de ses parents, un comédien lit même le poème de Cendrars à des pêcheurs du lac Baïkal -“oeil cyclopéen, ombilical et céleste”. La scène participe de l'élévation poétique de la mère de l'auteur, qui devient“Henriette de France”. Le voyage s'accompagne d'ailleurs de poèmes, dont ceux d'Ossip Mandelstam et Boris Pasternak. Comme autant de trouées d'éternité dans la belle prose élégiaque de Sylvie Germain. Au monologue du train qui glisse -“calme et docile”- répond le (faux) silence de la“terre qui dort”(l'une des étymologies du mot “Sibérie”), égrenant son bestiaire de disparus et de morts : poèmes, donc, mais aussi mammouths, peuples, langues et déportés de la Kolyma.
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