A bientôt 37 ans, le talonneur du RC Toulon Sébastien Bruno accomplit l'une des meilleures saisons d'une carrière entamée à Béziers en 1997 et sera en première ligne dans le rude combat d'avants attendu samedi face à Perpignan, décisif pour l'accession à la phase finale du Top 14.
Sébastien Bruno semble se bonifier avec l'age. Malgré une active concurrence au talonnage (Genevois, Orioli, Ivaldi), le natif de Nîmes, 26 sélections au compteur sous le maillot du XV de France, se taille la part du lion cette saison au centre de la première ligne toulonnaise.
"Il fait preuve d'une motivation de tous les instants et ses statistiques parlent pour lui. Cette saison, il est le numéro un du club au talonnage et les trois autres doivent bosser pour lui passer devant", salue son manager Philippe Saint-André, qui l'avait fait venir à Sale en 2004 avant de l'emmener dans ses valises pour Toulon, il y a deux ans.
Sale. Le déclic. Après un aller-retour à Béziers, son club de coeur et deux saisons à Pau, Sébastien Bruno accepte de faire le grand écart, de se mettre en danger, dans la banlieue de Manchester.
"Je me suis dit qu'à 29 ans, j'aurais le temps de profiter plus tard du soleil et du Sud. Et puis j'étais fier de relever un nouveau challenge, dans un grand championnat." Cinq ans d'une belle histoire ponctuée par deux titres: Challenge européen 2005 et Championnat d'Angleterre 2006.
Au contact du rugby d'outre-Manche, Bruno découvre surtout de nouvelles méthodes et charges de travail. "J'ai appris à travailler mieux et m'entraîner dur. J'ai découvert le goût de la souffrance. Je suis sorti de mon confort ", reconnaît-il.
Cette posture ne le lâchera plus et explique aujourd'hui en grande partie sa longévité dans un sport aussi exigeant.
Elle se nourrit également de la nature profonde du talonneur, entre perfectionnisme et anxiété. "Je ne suis jamais vraiment optimiste et sûr de moi. Même en match amical, je me dis qu'il faut que je prouve quelque chose, que je ne peux pas le prendre à la légère", argumente-t-il.
Cette belle longévité ne serait également rien sans cette passion qui l'a pris aux tripes, à l'âge de onze ans à Nîmes et qui ne l'a plus jamais quitté.
"Je n'éprouve jamais de lassitude mais du plaisir à m'entraîner, à toucher le ballon, à jouer dans des grands stades comme à Barcelone ou à Marseille. Il y a beaucoup de souffrance en rugby, mais le plaisir est supérieur", admet-il, tout juste remis d'une opération d'une hernie cervicale.
Le week-end venu, Sébastien enregistre le maximum de matchs qu'il regarde les jours suivants. Il dévore la presse, décortique le jeu des équipes et des joueurs. Il vit et respire rugby. "Pour moi, le rugby n'est pas qu'un travail. J'en ai besoin pour être heureux", assure-t-il, déjà détenteur d'un diplôme d'entraîneur du premier degré.
Eliminé de la Coupe d'Europe par Perpignan, Toulon joue de nouveau sa saison face aux Catalans, cette fois-ci en Top 14 dont les Varois ont atteint les demi-finales l'an passé.