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[Critique DVD] Tango

Par Gicquel

« Noces de sang », « Carmen », « L’Amour sorcier »… Les années 80 pour Carlos Saura dansent autour de l’amour et de la mort, aux accents toujours flamboyants du tango. Dix ans après, il lui consacre un film entier. Un film pour aficionados, mais aussi pour cinéphiles, et tout autre énergumène un tant soit peu intéressé par la création.
Celle d’un film appelé « Tango » au cœur duquel un metteur en scène tente d’imaginer à travers sa propre vie, sa prochaine réalisation. Loin du film dans le film, Carlos Saura opte pour une déambulation jubilatoire dans les arcanes d’un rêve éveillé.La fiction et la réalité se mêlent et se démêlent au fil d’une histoire qui elle-même ne sait plus si elle tient du concret ou de l’ imagination.

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Justement, celle-ci vient à tarir et dès lors dans des moments d’égarements sublimes, Mario, magnifiquement interprété Miguel Ángel Solà par passe d’un miroir à l’autre, de plateau en plateau, en quête d’une autre femme, d’une vie nouvelle.
Les digressions sur les rapports entre les êtres ici ne manquent pas, entre barrida et ganchos, pas de deux et abrazo déjà langoureux. Mais le tango peut-être aussi cruel, nous rappelle Carlos Saura, quand l’amante et l’ex-compagne (Cecilia Narova et Mía Maestro , tout aussi sublimes)se jouent d’un même destin, au cœur d’une même passion.C’est la très belle scène du triangle amoureux, magnifiquement filmée par un passionné de cette danse, à portée de notre regard, et dès lors tout à fait accessible.

[Critique DVD] Tango

Le metteur en scène de l’histoire observe ces deux femmes et cet homme dans toute la flamboyance de leur art, envieux au point de les rejoindre.
C’est la vie qui reprend alors ses droits, l’histoire qui les rattrape quand l’Argentine piétinait au rythme d’une dictature soldatesque. Ces événements tragiques, portés en filigrane tout au long du film, explosent dans une ultime chorégraphique, très explicite. Des scènes de tortures, des charniers, et le tango qui lui aussi se meurt.


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