Avec un culot monstre, mais de grands talents d’animatrice, chanteuse, comédienne, mécène des arts – elle permettra à Richard Wagner de donner en France la première représentation de Tannhäuser – Pauline ne se met que rarement en valeur personnellement mais décrit la Cour de Napoléon III avec une rouerie sans pareille.
Nous y rencontrons les « people » de l’époque : la célèbre Comtesse de Castiglione, la sévère Princesse Mathilde,les généraux qui s’illustreront si catastrophiquement pendant la guerre Franco-Prussienne, les têtes couronnées qui sont reçues fastueusement lors de l’Exposition Universelle de 1867.
Des scènes à se rouler par terre aussi, bien éloignées des images de l'Impératrices plongée dans ses vaporeuses crinolines et entourée de ses Dames de compagnie : l’excursion sur l’aviso « La Mouette » où tout le monde est terrassé par le mal de mer, l’ascension de la montagne de la Rune, l’arrivée des caisses de vêtements dans la cour du château de Compiègne, la visite de l’Empereur d’Autriche, sourd comme un pot et qui hurle ses réminiscences des moments passés avec sa maîtresse espagnole Lola Montez à l’oreille de ses interlocuteurs. Toilettes, bons mots, vacheries….Tout nous est donné enveloppé dans du papier de soie, comme les joyaux de l’Impératrice qui doivent à tout prix passer la frontière pour lui permettre de vivre en exil.
En somme, les souvenirs de cette Princesse intelligente, fidèle en amitié et généreuse de cœur nous donnent le contrepoint parfaitement complémentaire à l’histoire de la Guerre de 1870, l’ouvrage si pertinent de François Roth. A lire avec gourmandise, en ne manquant surtout pas les avant propos et notes explicatives de Georges Poisson.
« Je ne suis pas jolie, je suis pire » Souvenirs 1859-1871, par la Princesse de Metternich, au Livre de Poche, collection La lettre et la Plume, 286 p. 6 €