Je ne suis pas jolie, je suis pire, souvenirs de la Princesse de Metternich

Publié le 22 avril 2011 par Mpbernet

La Princesse de Metternich, épouse de son oncle Ambassadeur d’Autriche en France pendant le Second Empire et belle-fille du fameux adversaire de Napoléon 1er au Congrès de Vienne, tenait le salon le plus couru de Paris.

Elle était jeune et spirituelle, pleine de talents et de vivacité, et faisait de sa laideur – toute relative si on en croit les portraits qu’en firent Winterhalter ou Degas – un atout. Ses souvenirs couvrent la période 1859 – 1871, celle de l’Empire libéral, et s’achèvent sur la fuite éperdue de l’Impératrice Eugénie en Angleterre après le désastre de Sedan.

Avec un culot monstre, mais de grands talents d’animatrice, chanteuse, comédienne, mécène des arts – elle permettra à Richard Wagner de donner en France la première représentation de Tannhäuser – Pauline ne se met que rarement en valeur personnellement mais décrit la Cour de Napoléon III avec une rouerie sans pareille.

Nous sommes de petites souris dans la poche de ses incroyables toilettes de gala au bal des Tuileries, aux fêtes à Versailles, dans les salons de l’Ambassade, aux séries de Compiègne à l’automne ou de Fontainebleau en juillet, à Biarritz...

Nous y rencontrons les « people » de l’époque : la célèbre Comtesse de Castiglione, la sévère Princesse Mathilde,les généraux qui s’illustreront si catastrophiquement pendant la guerre Franco-Prussienne, les têtes couronnées qui sont reçues fastueusement lors de l’Exposition Universelle de 1867.

Nous entrons dans l’intimité du couple impérial, nous participons à la dictée de Mérimée, pour laquelle le mari de la Princesse remporta la victoire avec seulement trois fautes d’orthographe….

Des scènes à se rouler par terre aussi, bien éloignées des images de l'Impératrices plongée dans ses vaporeuses crinolines et entourée de ses Dames de compagnie : l’excursion sur l’aviso « La Mouette » où tout le monde est terrassé par le mal de mer, l’ascension de la montagne de la Rune, l’arrivée des caisses de vêtements dans la cour du château de Compiègne, la visite de l’Empereur d’Autriche, sourd comme un pot et qui hurle ses réminiscences des moments passés avec sa maîtresse espagnole Lola Montez à l’oreille de ses interlocuteurs. Toilettes, bons mots, vacheries….Tout nous est donné enveloppé dans du papier de soie, comme les joyaux de l’Impératrice qui doivent à tout prix passer la frontière pour lui permettre de vivre en exil.

En somme, les souvenirs de cette Princesse intelligente, fidèle en amitié et généreuse de cœur nous donnent le contrepoint parfaitement complémentaire à l’histoire de la Guerre de 1870, l’ouvrage si pertinent de François Roth. A lire avec gourmandise, en ne manquant surtout pas les avant propos et notes explicatives de Georges Poisson.

« Je ne suis pas jolie, je suis pire » Souvenirs 1859-1871, par la Princesse de Metternich, au Livre de Poche, collection La lettre et la Plume, 286 p. 6 €