Il y a 140 ans Paris s’insurgeait contre le nouveau pouvoir Versaillais après avoir été assiégé lors de la guerre Franco Prussienne. Une exposition de la Mairie de Paris commémore cet événement à l’Hôtel de Ville.
En 1870 une guerre éclate entre la France de Napoléon III et l’empire Allemand dirigé par la Prusse du chancelier Bismarck. Très vite le conflit tourne au désavantage de la France dont l’armée est mal préparée et surtout technologiquement en retard. La capture de Napoléon III après la défaite de Sedan en septembre 1870 provoque la chute du régime impérial, la république est proclamée, un gouvernement de défense nationale sous l’impulsion de Gambetta lève 600.000 hommes pour arrêter l’ennemi. Mais ces armées improvisées ne peuvent venir à bout de la machine de guerre Prussienne bien équipée et bien entraînée. Très vite un antagonisme surgit entre la nouvelle assemblée dirigée par Thiers et les Parisiens. L’assemblée est composée de notables de provinces qui veulent la paix, même au prix de concessions territoriales. La population parisienne, qui à subi le siège des Prussiens, s’estime trahie par cette volonté de paix. L’assemblée, qui se méfie de Paris, multiplie les mesures vexatoires : transfert de l’assemblée à Versailles, suspension du moratoire sur les loyers et tentative d’enlèvement des canons de Paris.
En mars 1871 le peuple de Paris se révolte, des mouvements révolutionnaires prennent le pouvoir et créent la « Commune », en référence à 1793. Entre le 18 mars et le 21 mai, c’est une sorte de fête révolutionnaire, des affiches de la Commune annoncent les mesures telles que l’abolition du travail de nuit, la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la gratuité des fournitures scolaires. Un exemplaire du journal « Le cri du peuple » de Jules Vallès daté du 30 mars 1871 témoigne de cette ambiance. La commune est une assemblée populaire, sur 83 membres élus, 33 sont des ouvriers, 5 des petits patrons, 14 des employés et commis, 12 des journalistes les 19 autres des artistes ou des membres de professions libérales et beaucoup d’entre eux sont jeunes. Mais très vite ils se déchirent entre factions différentes : socialistes, blanquistes, membres de l’internationale. Au total on estime que près de 300.000 Parisiens dénommés « communeux » ou « communards » on soutenu ce mouvement dont beaucoup de femmes qui jouèrent un rôle actif. Pour les vaincre Thiers évacue la ville et laisse le champ libre aux insurgés pour mieux les écraser. Il obtient de Bismarck le rapatriement des prisonniers et dispose rapidement d’une solide armée face aux communards incapables de créer un commandement unifié.
Le 21 mai l’armée Versaillaise forte de 60.000 hommes entre dans Paris, elle occupe facilement les quartiers ouest dont la population est majoritairement hostile à la Commune et repousse peu à peu ses adversaires vers l’est de la ville. Puis c’est une guerre de rue, l’assaut contre les 900 barricades élevées par les Parisiens, dont celle de la place Blanche défendue par des femmes qui ont pris les armes. Lors de la « semaine sanglante » les exactions se multiplient des deux côtés ; exécutions massives par les Versaillais, incendies et otages tués par les insurgés. Le 28 mai 1871 les derniers Communards sont fusillés au cimetière du Père-Lachaise. C’est ensuite la période de la répression, plus de 36.000 personnes sont arrêtées, 1.500 juges militaires prononcent des peines d’emprisonnements ou de déportations, il y a 93 condamnations à mort mais 70 sont graciés. On finit par les vues de Paris en ruine, et dès le mois de juin 1871 des « circuits touristiques » permettent à des curieux, Français ou étrangers, de visiter les lieux de l’insurrection. Des albums illustrés sont en vente et certains artistes ou écrivains s’inspirent des ruines. Mais très vite le gouvernement efface les traces de cette guerre civile et fait reconstruire ou restaurer les bâtiments.
La Commune, 1871 Paris capitale insurgée – jusqu’au 28 mai 2011 (anniversaire du dernier jour de la semaine sanglante) à l’Hôtel de Ville de Paris, voir aussi le site de l’exposition.