Toppi © Mosquito - 2004
« Cibola, la mythique cité de l’or existe-t-elle ? Nul géographe ne peut la situer, aucun conquistador n’en est revenu, pas même le légendaire Cuchillo, compagnon de Cortès. Mais toi, lecteur, grâce au concours de Toppi tu as cette chance inouïe, tu parviendras à Cibola ! Il te faudra bien sûr en payer le prix et boire à la plante qui fait perdre la mémoire, le suc rouge du nopatli qui colore de sang l’encrier du magicien Toppi » (quatrième de couverture).
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Les univers de Toppi ont cela de particulier qu’ils provoquent tous le même effet sur moi : celui de me plonger complètement dans l’album au pont d’en oublier ce qui peut se passer autour. Et même si Le Trésor de Cibola ne figurera pas parmi les albums que je préfère de cet auteur, il n’en reste pas moins un bel objet qui contient un voyage déroutant qui durera un an. Retour en 1541 où nous partirons à la recherche des mystérieuses Cités d’Or. Sur le chemin, nous rencontrerons des Indiens qui portent en eux les stigmates de leur génocide, un peuple qui se terre pour échapper à la folie des Blancs.
Au niveau graphique, on retrouve ici la force du trait de l’auteur italien qui, bien que plus conventionnel et moins emporté que dans Sharaz-De ou Le Collectionneur. L’agencement des visuels est plus classique, les personnages ne s’autorisent pas à évoluer en dehors des vignettes, l’emplacement des phylactères est assez commun. Pourtant, une fois encore, l’atmosphère que parvient à créer Sergio Toppi permet au lecteur de ressentir des sensations physiques : la chaleur écrasante du désert, le sentiment de soif, de fatigue physique, d’inquiétude… A mesure qu’on avance dans l’album, le jaune dominant des planches s’estompe. Il sera progressivement remplacé par des oranges puis des rouges, accentuant d’autant cette impression que l’on a de ressentir la chaleur du désert. On s’implique complètement dans son univers où le silence fait partie intégrante du décor, la lecture est interactive. Les illustrations de Toppi sont un langage à elles seules.
Un personnage central (Cuchillo) sur lequel repose le récit et quelques personnages qui gravitent autour de lui (on pourra les compter sur les doigts d’une seule main). Toppi orchestre son scénario à coups de voix-off. On entendrait presque la voix de ce narrateur imaginaire ! une voix sereine qui marque des temps de pause, une voix grave et légèrement rocailleuse. Par bribes, elle cède sa place aux dialogues. Des personnages qui économisent leurs mots, ils ne parlent jamais pour ne rien dire, ils gardent une part de mystère. En parallèle, ils vivent une expérience hors-normes, ils repoussent leurs limites physiques au-delà du supportable, ce qui renforce d’autant la portée de leurs propos.
Difficile de distinguer correctement ce qui est de la narration et/ou de l’illustration. Chez Toppi, elles forment généralement un tout indissociable, comme si chacun de ses albums avait une âme propre. La morale de cette histoire nous offre comme d’habitude un regard sur les travers de l’Homme. Par le biais de Cuchello, ancien soldat devenu orpailleur, nous explorons la cupidité. L’avidité de cet homme le conduira à en perdre la raison.
Une lecture commune partagée avec Choco et Joëlle.
Un univers à découvrir pour ceux qui aiment explorer les légendes mythiques et les personnages confrontés à des situations extrêmes.Extrait :
« La faim, la soif, la fatigue… Ah oui, ça j’en ai eu mon content. Les blessures, les batailles et les nuits sans sommeil… au point de vouloir dormir pendant des années. J’ai vu tomber un empire aux pieds de Cortès. Sur la peau, je garde la morsure des Macahuitl aztèques et plus d’une fois, j’ai senti sur ma nuque le souffle fétide de la mort… Mais l’or ?… Je me souviens en avoir vu beaucoup mais toujours dans la main des autres. Le peu que j’ai jamais pu obtenir est parti en fumée dans la « triste nuit » et git dans la boue de la lagune de Tanochtitlan… Alors de quelles richesses me parlez-vous ? » (Le Trésor de Cibola).
Le Trésor de Cibola
One Shot
Éditeur : Mosquito
Dessinateur / Scénariste : Sergio TOPPI
Dépôt légal : septembre 2004
Bulles bulles bulles…
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