« Avance rapide » est un bon roman de Sf, paru chez Bragelonne en 2002, qui m’avait à l’époque fait une belle impression. L’auteur y menait bien sa barque, dans un univers très personnel (une ville où chaque quartier a une spécificité, et est fermé à une certaine population : difficile de mener une enquête dans ce fourbi). Aussi, au hasard de mes fréquentes visites dans les rayons livres, quand je suis tombé sur un « Thriller » de Michael Marshall Smith, j’ai aussitôt eu envie de le lire. Pourtant, n’en ayant pas entendu parler dans les blogs SF habituels, et vu l’éditeur (Calmann-Lévy), j’avoue que je m’attendais à être loin de la SF et ête cantonné dans du policier. Tout faux…
Que nous apprend le 4ième de couv’ :
Hap Thomson travaille pour Remintérim, une société qui débarrasse les cadres surmenés de leurs cauchemars récurrents en les transférant à son personnel. Un jour, son patron lui propose une activité illégale : assumer des souvenirs gênants que les clients souhaitent momentanément oublier. L’argent coule à flots jusqu’au jour où une femme séduisante transfère à Hap le souvenir d’un meurtre et disparaît sans le récupérer. Désormais, Hap est un homme traqué : par la police, qui recherche le meurtrier ; par six clones étranges à lunettes noires et gabardine ; et par le meilleur tueur à gages de Los Angeles qui n’est autre que son ex-femme… Pour s’en tirer, il ne lui reste plus qu’à retrouver la mystérieuse cliente et à éclaircir cette histoire de meurtre.
Voilà ! C’est dit, c’est de la SF.
Avouez qu’à la lecture de ce synopsys, on a en bouche un p’tit goût de « Johnny Mnémonic », voir de « Total Recall » (en cherchant bien).
Forcément, ça donne envie.
Cela étant, et même si l’imagination et le style de l’auteur m’ont paru sans reproches, cette lecture a été … comment dire…. difficile !
Je crains tout d’abord que ce soit parce que Michael Marshall s’amuse à introduire des éléments détonants : ici, par exemple, ce sont les appareils électriques domestiques qui sont (presque) doté d’une conscience. On trouve, dès les premiers chapitres, un réveil-matin parlant et qui est nanti d’un remarquable esprit professionnel (faire son taff, réveiller son proprio et ne jamais le perdre). Un peu plus loin, on apprend qu’il existe des cafetières électriques en troupeau et l’on finira par apprendre que frigos, fours, congélateurs etc etc sont de la même veine. Mais a priori, pas tous..
J’avoue avoir cru pendant un moment que je suivais le héros dans une sorte de « matrice », de cyberespace où les objets avaient des fonctions. Mais non. C’est juste la réalité de ces années (autour de 2014-2016).
Ensuite, il y a l’intrigue de base. Là, tout semble bien en place. Hap Thomson, le « héros », a un passé de voyou de petite envergure. Difficile de trouver du boulot et surtout du pognon quand on a un casier judiciaire. Jusqu’au jour où RemIntérim lui tombe dessus et découvre en lui un extraordinaire potentiel pour assimiler et dissiper les cauchemars de ses clients. Hap signe de bonne grâce et l’argent coule à flot, comme par magie. Jusqu’à ce que son patron lui propose de passer à une nouvelle activité, plus rémunératrice, mais illégale : prendre des souvenirs en dépôt. Un peu contraint d’accepter, il finit cependant par prendre une mauvaise initiative : pour un gros paquet de fric, il accepte de recevoir un souvenir d’une jeune femme. Manque de bol, il s’agit d’un meurtre… et d’un flic en plus. On colle sur l’affaire un lieutenant tenace et doué alors que la jeune femme disparait (et tente même de se suicider).
Et quand tout part en sucette, le hacker de Hap, un certain Quat, se révèle être un pourri qui lui dérobe tout son blé.
Hap, aidé de la meurtrière Laura et de son pote Deck, doit alors se débrouiller seul. enfin, pas tant que ça : son ancienne femme, une tueuse à gage, le rejoint, ainsi qu’un mystérieux individu capable d’apparaître et de disparaître comme par enchantement.
Le rythme est bon, les surprises se succèdent. Les « clones » sont une bonne idée, et leur traitement est sympa.
Reste que la résolution de l’affaire, et bien, elle est bancale.
En introduisant le fantastique et des explications à mon sens à deux sous, l’auteur perd un bout de son lectorat en court de route. Un genre de « Deus ex machina » un peu trop simple pour un auteur de sa trempe.
« La proie des rêves » est un bon livre, mais je gage que plus d’un lecteur a dû se dire : « cela aurait pu être meilleur ».
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