Ca ne m’arrive vraiment pas souvent, mais hier soir, j’ai réservé mon fauteuil pour une soirée devant la télé. La dernière fois, c’était pour le 8ème de finale retour de la Ligue de Champions opposant les Merengue à l’OL. Et tout doit être prêt à l’heure dite : dès lors, comme le célèbre diction trouvé parfois sur la devanture des bouchons lyonnais, rien ne doit plus me déranger… le téléphone est débranché, tout doit être à portée de la main, télécommande, papier, stylo, mousse… Et c’est parti pour 3 heures 30 de haute voltige, le grand bal des menteurs…
Daniel Leconte raconte à sa manière la grande saga Clearstream qui a defrayé la chronique politique et judiciaire depuis 2001. Clearstream, point de départ général, est une banque luxembourgeoise un peu spéciale, une chambre de compensation, une banque de banques, en fait une monstrueuse machine à laver permettant entre-autres aux établissements financiers bien lisses et proprets de se livrer via des filiales dans les paradis fiscaux à des activités disons «lucratives»…
![Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, du menu frottin au service des politiques Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, du menu frottin au service des politiques](http://media.paperblog.fr/i/439/4399934/3h30-grande-lessive-L-eD0M9a.jpeg)
Cela va paraitre prétentieux, mais cette affaire, pour moi, est somme toute limpide : ce n’est qu’une grossière lutte de pouvoir, un combat de coq par valets interposés entre 2 clans qui veulent chacun la mort politique de l’autre. Cette affaire aura permis de mettre à jour les turpitudes ahurissantes des élites servantes de nos décideurs, et de monter un visage inquiétant du Chef de l’Etat actuel, n’hésitant pas à commenter et intervenir dans le cour de la justice contre tous les usages. De son côté, Dominique de Villepin est loin d’être net dans sa posture de victime accroché à son croc de boucher, prisonnier maintenant d’une stratégie de défense qui lui interdit tout revirement, au risque de se décrédibiliser complètement pour 2012. A ce point du dossier, tous les initiés, la classe politique, les protagonistes savent que le premier qui livrera la vérité est mort.
Dans ce contexte, comment interpréter le scoop final laissé par Imad Lahoud, l’homme aux 15 versions, à la fin du film ? Le réalisateur Daniel Leconte ne dit rien, il nous laisse juge. Au terme, les bras m’en tombent, et pas que de lassitude. Le jugement en appel, fixé du 2 au 26 mai avec un délibéré jusqu’en septembre, va sans nul doute peser fortement sur l’échéance électorale à venir. Mais quoi qu’il en ressorte, aucun de ces voyoux n’aura ma voix. Si vous avez 3h30 à tuer, cela vaut le coup à visionner….
Pendant ce temps, la lessiveuse continue son office, toujours en silence.