Alors que la situation politique semble se stabiliser, l’urgence humanitaire, elle, perdure. Dans l’ouest du pays, les déplacés vivent encore dans des conditions dramatiques, comme en témoignent ces récits, recueillis à Guiglo et Duékoué (ouest de la Côte d’Ivoire), où ACF intervient en nutrition, sécurité alimentaire et en assainissement.
Alimed : « J’ai tout perdu »
Alimed est venu se réfugier sur le site de l’église de Guiglo. Il est arrivé avec toute sa famille, après avoir parcouru 120 km à travers brousse depuis Toulépleu, qui a connu de violents combats.
Sur le site de l’église, des milliers de réfugiés s’entassent avec les maigres affaires qu’ils ont pu sauver. « J’ai tout perdu : ma production agricole, ma maison, mes biens, mes outils, tout… et ma femme est enceinte. Nous avons juste eu le temps d’emporter avec nous quelques vivres et un peu d’argent. Mais d’ici deux à trois jours, nous aurons tout consommé.»
Pourtant, Alimed sait qu’il devra vivre ici encore un moment, dans la promiscuité et le dénuement, en dormant dehors, alors que la saison des pluies approche.
Mais lui, comme beaucoup de déplacés, ne veulent pas regagner leur foyer : ils ont encore trop peur. « Nous allons sans doute rester au moins un ou deux mois, le temps d’être sûrs que la situation se calme. Heureusement, votre présence dit que nous ne sommes pas oubliés au milieu de tout cela.»
Antoine, adolescent sans famille et sans foyer
Antoine est seul assis sur un banc, les yeux fixés sur un manuel scolaire. Son silence contraste avec le brouhaha incroyable provoqué par la présence de quelque 25 000 personnes entassées dans l’enceinte de la mission catholique de Duékoué.
25 000 personnes qui ont tout quitté pour venir se réfugier au plus vite dans ce site pour échapper à l’insécurité de la zone. Les combats se sont pour l’instant calmés mais très peu sont ceux qui veulent repartir chez eux, par peur que ces combats reprennent.
Antoine a 15 ans, il est en 3ème et révise ses cours dans ce manuel scolaire qu’il a emporté avec lui. C’est la seule chose qu’il sait faire et qui le rattache à une réalité qu’il a maintenant perdu de vue : toute sa famille est décédée, il ne sait plus où aller, ni quoi faire.
Il va rester là, il ne sait pas combien de temps. Ici au moins il parvient à avoir un peu d’eau et de nourriture.
Pour répondre à l’urgence, ACF a déployé des programmes en nutrition, sécurité alimentaire, eau et assainissement.