Le sondage CROP de ce matin confirme la tendance que plusieurs, comme moi, ressentaient depuis un bon moment. Le Nouveau Parti Démocratique (NDP), parti de gauche, reprend du poil de la bête au point qu’il est maintenant le premier parti au Québec. Il a, à ce jour, 36% d’appuis contre 31% pour le Bloc Québécois. C’est une chute importante, mais non surprenante, pour le Bloc puisqu’il est entré dans cette élection avec un appui de 40% et l’a vu s’évaporer, de sondage en sondage. Et ce n’est pas fini, car la campagne de son chef Gilles Duceppe n’est pas à la hauteur de celles du passé. Il semble fatigué, exaspéré et ne fait que répéter et répéter les mêmes rengaines avec un air offusqué et les mêmes vieux arguments qui ne collent plus à la réalité.
Si le résultat de l’élection du 2 mai prochain se rapproche de ces prévisions, j’en serais très heureux. Cela démontera que les Québécois et Québécoises en ont assez des partis traditionnels d’aujourd’hui qui ne cessent de les désappointer avec leur manque de réalisme et leurs discours vides. Assez c’est assez !
Jack Layton fait une campagne du tonnerre. Il a clairement gagné les débats télévisés et a su se faire comprendre. Il est né et a grandi au Québec et connaît bien les Québécois et leur politique. Il est réaliste, calme, bien préparé et clair dans l’explication de ses politiques. Il a aussi un lieutenant québécois en Thomas Mulcair, le seul député NDP actuellement au Québec, qui est un politicien hors de l’ordinaire et qui sait par ses dires et ses actions obtenir le respect et la confiance des électeurs. D’ailleurs ce dernier est craint par les séparatistes, comme on a pu le lire hier dans le blog de Jean-François Lisée qui, tout en se déclarant son ami, a trouvé moyen de le dénigrer avec des arguments tronqués, simplement pour servir la cause séparatiste.
Si les précisions CROP se concrétisent, il est possible que la contagion anti-establishment des Québécois se propage aux autres provinces, comme en Ontario, aux Maritimes, en Saskatchewan et en Colombie Britannique. Cela bouleversera les partis politiques canadiens.
Le PM conservateur Stephen Harper n’obtiendra pas ainsi la majorité qu’il recherche tant. Un tel résultat sera fort décevant pour les conservateurs et les fera réfléchir sur les qualités politiques et électorales de leur chef qui n’aura jamais gagné une élection majoritaire. Sa campagne électorale actuelle est moche, sans vie et il se présente comme un robot dirigé par ses conseillers de média. Il est « platte » à mourir.
Le Bloc recevra un coup de barre sérieux qui ébranlera les séparatistes du Québec. Gilles Duceppe, qui a fait plus que sa part pour ce parti et a été un chef exceptionnel, voudra probablement quitter la politique. Ce vote démontrera que les Québécois ont finalement compris que ce parti séparatiste-contre-tout-ce-qui-se-fait-au-fédéral ne leur a rien apporté et qu’il est temps que ça change.
Quant au parti libéral avec son chef actuel Mikael Ignatieff, il désappointe. Malgré qu’il ait fait bonne figure lors des débats et ait apporté les meilleurs arguments, ceux-ci ne collent pas dans la mémoire des électeurs. Le sondage indique que le parti se classera le dernier au Québec. Du jamais vu.
Et c’est fort déplorable car il a une bonne brochette de candidats compétents, députés sortants, et nouveaux comme Roxanne Stanners dans St-Lambert, qui méritent de gagner. Ignatieff a fait l’erreur de limoger avant les élections, pour une raison injustifiable, son lieutenant Denis Coderre. Ce dernier connaît bien le Québec et tous les rouages de la politique fédérale. Il est respecté par une majorité de Québécois. Il est un homme d’action. Il l’a remplacé par l’astronaute Garneau, qui malgré son savoir-faire scientifique ne connaît absolument rien à la politique et est le grand absent de cette élection au Québec. Si on se fie au passé, le parti libéral n’est pas tendre avec ses chefs qui perdent une élection générale. Fera-t-il de même avec Ignatieff. Je le crains.
Par contre, rien n’est encore fait, malgré que le sondage indique que le vote NDP se solidifie. J’ai toujours en mémoire la première élection de Jean Charest, alors qu’il était chef du parti Progressiste-conservateur du Canada, et le sondage au Québec qui lui donnait un avantage démesuré sur ses adversaires. Malheureusement pour lui, le ballon se dégonfla avant le jour du scrutin et Charest ne remporta que deux sièges. De même pour Mario Dumont, lors d’une de ses premières campagnes comme chef de l’ADQ, les sondages lui donnaient une avance qui le portait au pouvoir, mais la réalité fut tout autre. Alors soyons calmes, rien n’est encore fait pour Jack Layton et le NDP.
J’espère que les sondages se réaliseront. Cela rendra la politique fédérale plus intéressante, plus près des Québécois et en fera réfléchir plusieurs.
Claude Dupras