L’esprit Canal a créé une belle vague de créativité pour les séries françaises, qui s’en sont inspirées pour mieux décoller. Fini les épisodes répétitifs et faussement réalistes, Julie Lescaut peut aller se rhabiller (si tenter qu’elle se déshabille à un moment…). Pour Xanadu, au contraire, les corps se dévoilent et les esprits s’échauffent. Plongée dans le milieu de la pornographie, pour mieux suivre le chaos d’un empire familial basé sur le sexe.
Une série sur le porno? Canal+ (toujours), qui connaît bien le sujet, en avait fait le corps central de sa série Hard. Difficile dans le petit cercle des séries hexagonale d’aujourd’hui de ne pas nier le lien entre les 2. Sauf que pour Arte ça n’est qu’une excuse, une thématique assez écorchée pour pouvoir creuser dans cette famille multi-générationnelle, implantée dans une industrie depuis des décennies. Un peu fatiguée, cherchant un second souffle, les fils et les pères se déchirent, les drames et les passions se nouent et se dénouent, les tournages continuent et les corps s’échauffent. Versant dans l’onirique et le suggestif, entre les fantasmes de chair et les évasions visuelles, Xanadu multiplie les effets pour casser le rythme classique d’une diffusion en plusieurs épisodes. Cliffanghers, flous artistiques, mises en images des fantasmes ou d’une autre réalité, nous voilà avec beaucoup de matériels et d’idées, mises en scènes par le canadien Podz.
Si on peut saluer la recherche créative, pas si loin des méthodes d’Hervé Admar sur Pigalle ou Signature (à venir), Xanadu n’en est pas pour autant inutile, menant solidement son récit, ponctué de réelles surprises (voir la fin du premier épisode, rassurante sur le fait de ne pas se reposer sur ses acquis ou quelques idées moins percutantes) et composant avec un casting solide, moitié acteurs classiques, moitié acteurs du monde du X. S’inspirant sans trop le dire d’un grand empire français de ce milieu, la série s’en détache foncièrement (même si étrangement similaire) pour mieux dépeindre des personnages perdus dans leur propre vie, personnelle ou professionnelle, et cherchant à se reconstruire. Après deux épisodes, on peut se demander vers quoi va se diriger la série, déjà pleine d’évènements et de rebondissements, avec plusieurs pistes à explorer. Reste à suivre la diffusion de la série, les Samedi soirs à partir du 30 Avril, et en diffusion (nocturne) sur Internet.
Merci à Arte & WayToBlue pour l’invitation!