La souris qui rugissait

Publié le 21 avril 2011 par Copeau @Contrepoints

De temps en temps, il se passe un événement qui change le cours de l’histoire. Je suis en train de me demander si une telle chose ne s’est pas produite en Finlande le week-end end dernier.

Explication.

Comme je ne cesse de le dire ou de l’écrire depuis des années, l’euro est un Frankenstein financier qui allait nous amener à un désastre européen sans précédent. Nous y sommes.

L’Irlande, la Grèce, le Portugal sont en faillite déclarées, l’Espagne et l’Italie suivent de près, l’Europe est devenue un protectorat allemand et chacun se sent humilié (pays du Sud) ou berné (pays du Nord), surtout quand l’on compare les résultats aux promesses qui étaient faites par les partisans de l’euro il y a 10 ans : si le lecteur veut rire (jaune) un peu, je le renvoie a la pétition signée par tout ce qui comptait dans la nomenclature française en 1997 ou 1998 nous expliquant que l’euro allait assurer la croissance européenne, la convergence des économies, le financement des dépenses sociales, la stabilité des prix, la retraite à 50 ans et bien sûr l’harmonie sexuelle entre partenaires, ainsi que la prolongation de la vie de chacun d’au moins vingt ans (les deux derniers, je ne suis pas si sûr que ca, mais le lecteur me pardonnera ce léger débordement).

En fait, nos systèmes sociaux implosent avec notre croissance, le chômage explose et la faillite de l’État français qui se profile à l’horizon 2013-2014 sera la grande absente de la prochaine campagne présidentielle où chaque candidat s’évertuera à faire des promesses qui n’engageront que ceux qui les croient, selon l’immortelle formule de Jacques Chirac.

Devant cette déconfiture, les génies à l’origine de cette extraordinaire usine à gaz qu’est l’euro, plutôt que demander pardon aux citoyens et de prendre leurs retraites, laissant aux gens compétents la responsabilité de réparer leurs erreurs, se mirent à rajouter frénétiquement des tuyaux à leur immortelle construction tandis que la BCE, entre les mains du principal responsable de ce désastre, monsieur Trichet, s’autorisait à racheter où à escompter à tiroir ouvert des obligations émises par des États que sa brillante construction avait mis en faillite (après tout ce n’est pas son argent).

Bref, nous étions partis pour un système ressemblant à notre sécurité sociale : coûtant la peau des fesses, que seul un petit nombre de fonctionnaires comprend et allant de réformes en réformes sans jamais arriver à l’équilibre. Pour résumer, nous allions tout droit vers le rêve de tout haut fonctionnaire : un système qui ne marche pas et dont on ne peut pas sortir, ce qui leur assure un perpétuel plein emploi.

Jusqu’au vote finlandais de ce week-end.

(Dessin de presse : René Le Honzec)

Les finlandais sont un peuple qui prend sa démocratie au sérieux et qui croit profondément au vieux principe libéral : pas de taxation sans représentations (vote). De ce fait, le gouvernement finlandais ne peut pas subventionner les dépenses des usines à gaz européennes sans passer devant le parlement local (invraisemblable démagogie diront nos technocrates). Et comme nous venons d’avoir des élections où un parti l’a emporté, celui qui précisait que la Finlande ne financerait plus ce genre de dépenses, nous voilà devant un léger problème.

En effet, pour financer les folies de nos technocrates européens, il faut qu’il y ait unanimité de tous les États européens. Le parti des Vrais finlandais a indiqué qu’il honorerait les promesses faites à la Grèce et à l’Irlande, mais que pour le Portugal, il ne fallait pas compter sur lui puisque rien n’avait été signé. Ce qui veut dire que le plan européen de construction de la nouvelle usine à gaz est complètement caduc

L’euro se retrouve face à ses contradictions et notre petite souris finlandaise vient de rugir que « l’empereur n’avait pas d’habit » comme le petit enfant du conte d’Andersen. Les conséquences financières sont simples : il existe des pertes gigantesques dans le système qui pour l’instant n’ont été attribuées à personne, la BCE les portant en silence dans son bilan en attendant la nouvelle usine à gaz

Or, de nouvelles usines à gaz, il n y en aura point. Un krach se produit non pas quand les pertes ont lieu mais quand les marchés réalisent qu’elles ont eu lieu, parfois depuis longtemps. Nous arrivons au moment où ces pertes vont devoir être inscrites aux bilans des uns et des autres et en particulier aux bilans de nos systèmes financiers : banques et compagnies d’assurance, États.

Je réitère ma recommandation de ne RIEN avoir de tout cela.