A dix jours de la prochaine édition des vendredis du vin, consacrée au vin et aux toiles, il est temps de commencer à me préoccuper de mon sujet. Petit coup d’œil à mes dévédés : j’ai déjà parlé de Sideways et de Bottle Choc par ailleurs, et même de la scène de la cuisine des Tontons Flingueurs (le titre l’article me vaut d’ailleurs quelques visites quotidiennes, je ne savais pas Lulu si populaire…). Je croyais m’en sortir en tombant sur Une Grande Année.
Hélas, si le synopsis est alléchant, le traitement n’est qu’une succession de clichés, aucun ne nous est épargné. L’histoire se base en effet sur le roman Un Bon Cru de l'écrivain anglais Peter Mayle (éditions NIL, 2005), roman que je n’ai pas lu, et n’ai donc pas d’avis sur la fidélité du scénario. dans le film, Max, as de la finance, vit à Londres, ville présentée comme grise, pluvieuse, où les rapports humains sont instrumentalisés, où l’argent rapide est dieu et les traders ses prêtres zélés. « Greed is good » semble être son crédo.
Le décès de son oncle dont il est l’unique héritier va contraindre Max à se rendre à son corps défendant dans une Provence toute en opposition à Londres : éternellement ensoleillée, où les rapports humains sont directs et chaleureux, où la valeur d’un homme ne se mesure pas à l’épaisseur de son portefeuille… Tout ce qu’il exècre, ou qu’il a oublié, puisque c’est dans la villa de son oncle qu’il a passé les plus beaux moments de son enfance.
La villa est sur un domaine viticole qui produit un infâme jaja, mais qui pourrait aussi être le berceau d’un vin mythique : « le coin perdu ». Max n’en a cure et ne pense qu’à expédier très vite les formalités d’usage pour retourner à sa vraie vie. On s’en doute très vite, Max ne revendra pas l’héritage mais va trouver, après quelques péripéties, sa voie en Provence autant que son âme sœur, et s’installera dans un domaine qui aura retrouvé son lustre d’antant.
Certes, je suis un peu dur, ma critique doit être à la hauteur de la promesse non tenue. Le talent des acteurs (ah, le charmant Russel Crowe en spéculateur sans aucun scrupule, ah, la sémillante Marion Cotillard dans le rôle de la provençale libre et fière, nommée… Fanny) ne sauve pas une évidente paresse d’un réalisateur qui nous avait pourtant habitués à mieux. Le film s’annonce comme un grand cru… mais celui qui en attend le plaisir simple et immédiat d’un aimable vin de pays va passer un bon moment.
Une grande année. Film américain de Ridley Scott. Avec Russel Crowe, Marion Cotillard, Didier Bordon… (2006).