L'enseignement de la finance en pleine mutation

Publié le 20 avril 2011 par Trappe à Phynances

Erwan Morellec, professeur de finance à l'École polytechnique fédérale de Lausanne, a publié le 20 avril dans le quotidien Le Temps une tribune sur les mutations nécessaires de la finance. Beaucoup de bon sens et de vœux pieux, mais malheureusement, Erwan Morellec n'est qu'un professeur de finance, il n'est pas banquier d'affaires. De nombreux économistes pestent depuis des années contre la financiarisation actuelle de l'économie, visant avant tout à la destruction de richesse et à l'appauvrissement des peuples au profit d'une kleptocratie transnationale toujours plus abjecte. Bref, cette tribune ne sera pas suivie d'effets. Ô triste monde ! Voici tout de même les meilleurs morceaux du texte d'Erwan Morellec.




Une remise en cause de la théorie financière classique

[La] crise a conduit à une réflexion approfondie sur le rôle de la finance dans les sociétés contemporaines et sur les changements à apporter à l'enseignement et à la recherche en finance. Cette réflexion s'inscrit dans un courant de pensée profond qui a commencé à remettre en question voilà plusieurs années déjà les fondements de la théorie financière classique (issus principalement de l'École de Chicago) dont les objectifs principaux étaient purement financiers, ayant trait par exemple à la détermination de prix d'actifs financiers comme les produits dérivés ou à la mise en place de portefeuilles d'actifs atteignant certains objectifs de rentabilité. Les chercheurs participant à ce changement ont développé de nombreuses nouvelles thématiques de recherche en finance, comme par exemple celles de la gouvernance d'entreprise, de la gestion des risques, de la microfinance, de l'organisation et de la transparence des marchés financiers, ou encore du rôle de la loi, des médias, et des gouvernements dans la régulation des comportements économiques.


La mode des investissements responsables et durables

On parle ainsi aujourd'hui d'investissement responsable, d'investissement durable, ou d'investissement "vert" dans des institutions financières qui, elles aussi, ont commencé à adapter leurs comportements [...] Bien que cette révolution soit déjà en route, il n'en reste pas moins qu'elle prendra du temps à se mettre en place et que ses résultats se diffuseront lentement, voire trop lentement pour certains [...].

Un nouveau paradigme se met en place

Il ne fait donc aucun doute qu'un nouveau paradigme se met en place qui implique non seulement les chercheurs en finance, mais aussi ceux en économie ou en droit. Ces collaborations fructueuses et ce pluralisme d'approches vont déboucher progressivement sur des réformes importantes tant dans l'enseignement de la finance que dans la perception de sa place dans l'économie, au service de la société. Elles devraient aussi permettre la mise en place de nouveaux outils permettant de mieux appréhender et de mieux contrôler les risques financiers. Ce projet ambitieux de réforme de la finance peut avoir des répercussions importantes sur notre société; sa complexité le rend néanmoins difficile à réaliser [...].