Magazine Société

[France Ecologie] Eva Joly : « Mes combats parlent pour moi » – Metro

Publié le 20 avril 2011 par Yes
[France Ecologie] Eva Joly : « Mes combats parlent pour moi » – Metro

Photo : Nicolas Richoffer/Metro

Eva Joly, candidate aux primaires d’Europe Ecologie-Les Verts, réagit à l’entrée dans la course de Nicolas Hulot. L’ancienne juge reste plus déterminée que jamais.

Facebook Like 27

Qu’avez-vous pensé de la déclaration de candidature de Nicolas Hulot ?
Je suis heureuse qu’il se soit enfin déclaré. Le fait que sa candidature ait été plus ou moins annoncée nous a un peu empêché de parler de fond depuis le mois de septembre : dès que j’essayais de parler écologie, on me répondait : « Nicolas ».

Il a laissé planer un certain flou sur sa participation aux primaires. Vous êtes certaine qu’il jouera le jeu jusqu’au bout ?
Dans ses interviews, il a dit qu’il se présenterait aux primaires à condition qu’elles soient plus ouvertes. Cela ne me pose aucun problème : je n’ai pas peur d’un corps électoral ouvert, au contraire. Je n’ai de toute façon aucun doute sur la participation de Nicolas Hulot aux primaires, car je lui fais confiance pour ne pas détruire ce que les écologistes ont construit depuis trente ans. Aujourd’hui, nous sommes la troisième force politique du pays. Comme je sais qu’il est authentiquement engagé dans la cause écologique, il ne peut pas prendre le risque de l’affaiblir.

A-t-il suffisamment clarifié son positionnement politique et son ancrage à gauche ?
On ne peut pas tout dire dans un unique discours et je compte sur les débats à venir pour lever ce qu’il peut encore y avoir comme ambiguïtés. Une condamnation plus marquée de la politique de Nicolas Sarkozy fait partie des sujets qu’il va devoir développer. Le nucléaire en est un autre. Ne pas avoir dit un mot à ce sujet, le jour même où Fukushima était classé au niveau 7, c’est étonnant.

Certains écologistes lui reprochent ses liens avec des groupes comme TF1 et EDF…
Cela fait partie de son histoire et c’est transparent, établi. Je le crédite absolument du fait que l’argent que sa Fondation a reçu a servi l’intérêt écologique. Finalement, c’est ça qui est important. Je ne pense pas que sa liberté de réflexion ait été limitée.

Quels sont vos atouts pour faire la différence ?
Mes combats parlent pour moi. Je me suis heurtée à la réalité, j’ai porté des combats que tout le monde pensait perdus et on peut me créditer du fait que je sais rester debout contre le vent contraire, médiatique ou autre. Mes connaissances sont ancrées dans des luttes : je sais depuis très longtemps que toutes les entreprises qui font du greenwasching, comme EDF, Total ou Areva, ne sont pas des entreprises vertes qui poursuivent l’intérêt général. Cette certitude constitue une plate-forme sur laquelle je suis assez solidement plantée. Nicolas Hulot a fait des choses remarquables dans son genre, mais il n’a pas mené les mêmes combats.

Vous ne craignez pas de vous mesurer à quelqu’un d’aussi populaire ?
Ca fait aussi très longtemps que je sais que la popularité et la crédibilité sont deux mondes différents : la popularité résulte du fait que vous n’avez pas été clivant, et malheureusement, 72% de bonnes opinions ne veulent pas dire que 72% des Français partagent les point de vue de l’écologie politique de Nicolas Hulot. Il va bien falloir transformer cela en votes. Et je pense que, au niveau des intentions de vote, nous sommes au coude-à-coude.

Les primaires ne risquant-elles pas de virer à la foire d’empoigne ?
Pourquoi est-ce qu’elles vireraient à la foire d’empoigne ? Pourquoi ne nous créditerait-on pas du fait que nous avons en commun l’envie de nous battre pour l’écologie politique ? Nous allons le faire sereinement, avec des arguments techniques et politiques, pour avoir un débat qui élève le niveau général des connaissances.

Quel est l’objectif d’Europe-Ecologie Les Verts pour la présidentielle ?
Dépasser le score historique de Noël Mamère, 5,5% des voix, serait déjà une victoire. Après, il n’est pas interdit de rêver. Si Nicolas et moi faisons campagne ensemble, ça peut déménager.

Nicolas Sarkozy dit qu’il « sent bien 2012 ». Et vous ?
Je pense que nos rêves sont différents. Lui rêve de s’accrocher à l’Elysée, moi de transformer la société. Mais je me sens bien dans cette campagne. Ce qui compte pour moi, c’est de suivre l’exemple de l’Allemagne. Historiquement, l’écologie politique y était un petit parti, avant de monter en puissance de façon étonnante. Avec la prise de conscience de la crise environnementale et la qualité de l’engagement de nos militants, on va continuer à suivre le même chemin. Et donc, à terme, nous voulons devenir la première force politique du pays.

Malgré la montée du FN et le risque d’un nouveau 21 avril, il faut quoi qu’il arrive présenter un candidat écologiste en 2012 ?
Dans cette élection, nous portons un programme profondément novateur. La  peur ne doit pas priver les citoyens de solutions alternatives à la crise que nous traversons. Au contraire, il faut avoir confiance dans l’intelligence des électeurs. Le Front National, il faut l’affronter, pas le craindre.

Comment jugez-vous l’annonce du gouvernement d’une prime de 1 000 euros pour les salariés d’entreprises versant des dividendes ?
Pour les salariés qui gagnent 1000 euros par mois, ce n’est pas rien. Mais ce n’est bien sûr pas suffisant. Il est temps d’établir un partage des résultats différent dans les entreprises. Aujourd’hui, pendant qu’on rémunère très fortement le capital, les salaires sont pressés à la baisse. En même temps, il y a pénurie de logements, de matières premières, les prix montent et les gens sont pris en tenaille. Il va falloir que l’Etat intervienne pour mettre en place une véritable régulation.

Que pensez-vous du recul du gouvernement sur le gaz de schiste ?
C’est une victoire de la mobilisation populaire. C’est un enjeu que tout le monde comprenait : on ne sacrifie pas la nappe phréatique pour les bénéfices de compagnies américaines. Maintenant, il faut maintenir la mobilisation jusqu’à ce les textes soient votés, les permis annulés et les camions retirés. Ce qui est piquant dans cette affaire, et cela prouve bien qu’il faut un parti de l’écologie politique, c’est que c’est Jean-Louis Borloo qui a signé en catimini le permis de l’exploration du gaz de schiste, au moment même où il négociait le Grenelle. Dans beaucoup de pays, cela vous condamnerait à rester silencieux le reste de votre vie.

Eva Joly: « Mes combats parlent pour moi » – Metro.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Yes 3349 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine