J'ai beaucoup apprécié la vision claire de Boris Cyrulnik, médecin, ethologue et psychanalyste, dans l'entretien rapporté dans le Journal du Dimanche du 10 avril.
Ce spécialiste de la résilience s'érige contre ceux qui veulent absolument croire que tout va mal, et rassure sur la bonne santé des Français. "Il faut différencier le récit du réel et le réel lui-même. Le récit est dépressif, mais ça ne veut pas dire que nous soyons réellement en "burn-out"(...). Oui, il y a des gens en détresse dans notre pays, mais on continue d'y vivre tellement mieux que dans beaucoup d'autres pays... La France n'est pas dépressive".
Concernant notre sensibilité aux événements mondiaux, il observe : "Il faut se méfier de l'utilisation de la réalité. Il y a une contagion du malheur, parce qu'on ne voit que sa représentation : le tsunami, la centrale qui fuit, c'est terrifiant... Ces petits morceaux de réel ne sont pas des mensonges de journalistes mais des petits morceaux de vérité".
Au journaliste qui l'interroge sur nos possibilités de ressentir des moments de paix, le médecin conseille : "Nous passons notre temps à trouver des pansements psychiatriques. Certains deviennent agressifs et s'isolent. D'autres vont sublimer la souffrance en oeuvre d'art. D'autre enfin régressent. Ils savourent un bon livre, s'autorisent une soirée en pyjama devant la télé, redécouvrent les jeux en société avec les enfants... C'est un apprentissage que de savoir s'accorder ces moments de repos. C'est une forme de liberté tout autant qu'un mécanisme de défense face à l'accélération du monde.".
Dont acte.
Dernier ouvrage paru : Mourir de dire, la honte. Ed. Odile Jacob, 2010
posté le 11 avril à 14:19
Dernier livre que je lis "Sauve-toi la vie t'appelle"