Sucker Punch. (réalisé par Zack Snyder)
Anti-Black Swan.
Je vais vous évoquez ma théorie quant à ce film. Je l'ai échafaudée durant la projection, pour vaincre l'ennui... Zach Snyder a regardé Black Swan. Il s'est dit: “Tiens, et si je faisais un film sur la danse!” Mais après, il a lu dans la presse que Nathalie Portman s'était entraînée super longtemps pour le rôle. Ou alors, sa doublure mais de ça on s'en branle un peu. Comment faire???? Il n'a pas le temps de former une danseuse et son film sur le pouvoir de l'imagination doit bientôt sortir au ciné. Il est bien embêté... Et puis là miracle! Il allume sa PS3 et s'écrie Eurêka!!!! Tel un Archimède du cinéma, il a la solution: remplacer les scènes de ballet par des niveaux de jeux vidéos pompés ça et là. Putain, il est fort le con!
Je me moque gentiment mais c'est ce qui m'est venu à l'esprit. Avouons que la vacuité du scénario est abyssale. Récupérer une carte, un briquet, un couteau, une clé et un truc caché (car c'est comme ça dans les jeux)... Visuellement assez ébouriffant (bien que les tendances à l’esbroufe: ralentis, décomposition de l'action, filtres multiples et j'en passe, du réalisateur de 300 sont toujours aussi fatigantes), il échoue dans le fond alors qu'il réussit plus ou moins dans la forme. L'anti-Black Swan en somme, ce dernier associant les délires formels de son réalisateur à un véritable fond. Dommage, je n'aime pas les films qui oublient de proposer un vrai propos.
On va jouer à un jeu.
Le film se présente comme un jeu vidéo. Baby Doll est à l'asile et va se faire cramer le cerveau dans cinq jours. De plus, un aide soignant pervers s'amuse avec les filles d'une manière que sa fonction proscrit fortement. Pour échapper à cette horrible réalité, la blonde au regard enfantin s'enferme dans le mutisme et dans son imagination. Ainsi, elle s'imagine dans un bordel duquel elle veut (en entraînant quatre autres bimbos) s'évader. Pour y parvenir, elle a besoin des quatre objets évoqués plus haut (McGyver style). Or, ces derniers sont difficiles à obtenir. Du coup, elle est obligé de danser. Mais c'est vulgaire, donc elle s'imagine un autre niveau dans lequel elle et ses comparses sont des super-agentes top secrètes, variations des Charlie's Angels. Mention spéciale à leur Charlie au passage, philosophe qui s'ignore, déblatérant des phrases toutes prêtes comme on fout des saucisses de Strasbourg au micro-onde: c'est automatique mais ça à un goût de chiottes. La construction est donc évidente. Snyder pousse à son paroxysme la logique du niveau de jeu vidéo. Un objet = une danse = un niveau plus ou moins différent + une phrase pompeuse du vieil homme (très très) sage. Pourquoi pas, mais en lorgnant du côté des gamers, il a oublié une chose principale: l'immersion.
Répétitivité est mère de tous les vices.
Du moins, dans les jeux vidéos. Pour qu'il soit réussi votre délire vidéoludique doit être immersif et varié. La multiplication des situations et des décors accroissent cette immersion salutaire. Et force est de constater que ce film ne respecte pas cette règle élémentaire. Les décors, malgré les changements de style (Seconde Guerre Mondiale, Heroic Fantasy, futuriste...), se ressemblent tous. Et la variété n'est pas au rendez-vous. Toujours le même schéma et le même but: dézinguer à tout va. De plus, le fait que les ennemis soient des débiles peu combatifs se laissent massacrer diminue un peu plus notre implication. Comment, en effet, peut on trembler pour ces femmes qui, on le sait, n'auront aucun bobos. Dommage.
Référentiel et égoïste.
Enfin, tout cela m'emmène à la conclusion suivante: le délire de Snyder vise les gamers mais n'est destiné qu'à lui seul. Il multiplie les références vidéoludiques et filmiques: on a du Gears of wars, Killzone, Wolfenstein, Final Fantasy XIII mais aussi du Seigneur des anneaux, Moulin Rouge.... Il s'auto-cite même avec une allusion à 300 (d'après un vagabond assis juste à côté de moi qui se reconnaîtra). Un fourre-tout qui n'est en fait destiné qu'à lui-même tant il est difficile d'y pénétrer. Un grand dommage.
Je reste dubitatif vis à vis des talents de ce réalisateur. S'il est évident qu'il possède une certaine maîtrise visuelle et esthétique, il est aussi certain qu'il en est prisonnier. Son premier niveau de conscience est censé être la réalité mais ses filtres glaciaux ne la différencie pas des niveaux inférieurs... Et puis, l'imagination qui permet de s'évader, merci pour le lieu commun mais on ne peut pas bâtir un film dessus. Pourtant, on ressort de la salle avec une incompréhensible sympathie que je ne m'explique toujours pas. Allez, arguons que le prochain sera le bon.
Les +:
- Beau.
- On s'amuse à reconnaître les références.
- La fin est assez réussie.
Les -:
- Scénario inexistant.
- Peu immersif.
- Égoïste
Note: