Le Rhône:
Une grande route commerciale.
“Les cours d’eau sont si heureusement distribués les uns par rapport aux autres qu’ils assurent
dans les deux sens les transports d’une mer à l’autre, les marchandises ayant à être à peine relayées par terre et toujours dans des plaines d’une traversée facile. Le plus souvent, on les
transporte par les voies fluviales en choisissant les unes pour la descente, les autres pour la montée.
Le Rhône présente à cet égard des avantages exceptionnels puisqu’il reçoit les affluents venus de
diverses directions, qu’il débouche dans notre mer, laquelle est d’un plus grand rapport que la mer extérieure et qu’il traverse la contrée la plus favorisée de la
Celtique.”
(Strabon, Géographie, IV)
Comme le laisse penser cette citation du célèbre géographe grec, le Rhône a toujours constitué dans l’antiquité une artère importante entre la mer et les autres cours d’eau, permettant aux
marchandises de passer d’une mer à l’autre.
Les Romains ont contrôlé pendant plusieurs siècles la Méditerranée, c’est-à dire « leur » mer car Mare nostrum a donné son nom à la Méditerranée.
Des hommes:
Les nautes et les utriculaires.
Les transports au long cours en mer étaient à la charge des naviculaires. Le trafic du Rhône, était assuré par les nautes, les échanges locaux sur les étangs ou les rivières l’étaient par les
utriculaires.
C’est surtout aux nautes qu’était confié, en Gaule, le transport intérieur des marchandises sur lequel ils exerçaient un véritable monopole.
L’amphore:
Un emballage jetable.
Simple emballage destiné au transport et à la commercialisation des denrées alimentaires, les amphores jouèrent un rôle important dans l'histoire de l'économie antique.
Elles étaient utilisées pour transporter des liquides (vin, huile, miel, ...) mais aussi des olives ou des fruits. Une fois vidée, l’amphore etait considérée comme un emballage jetable, détruit
dans la plupart des cas et quelques fois réemployée: récipient de stockage, réservoir d'eau douce, sépultures…
Comme nos bouteilles de vin moderne, chaque région productrice concevait une forme adaptée au contenant: Italie, Espagne, Gaule, Afrique, îles grecques….
La forme de chaque amphore est un indice de qualité : des estampilles et des marques peintes précisent parfois l’origine ou l’âge des crus transportés.
D’innombrables fragments d’amphore ont été retrouvés sur les sites des Ier-IIIe siècles du Gard Rhodanien, rive droite du Rhône.
Sur notre territoire, il est à noter que la quasi-totalité de ces fragments appartient au même type d’amphores : celui que les spécialistes classent sous le nom de « Amphore Gauloise 1 ».
Il s’agit d’un récipient de terre cuite dure, de teinte beige clair ou ocre ou blanche mais le plus souvent rosée, à forte teneur de sable. La ligne est pansue, le pied plat, annulaire
au-dessous, le col très court et les deux anses plates rehaussées de nervures en relief. Sa contenance était de 30 litres environ.
Un certain nombre d’exemplaires portent au niveau de l’épaule, à égale distance des anses, les estampilles de ces Gallo-Romains dont on est fondé à croire qu’ils remplissaient la quadruple
fonction de vigneron, de vinificateurs, de fabricants de conteneurs et de négociants.
Ces cachets sont le plus couramment des initiales : LH, QFP , LCF ; parfois le début du nom CLAR pour Clarianus qui comptait parmi les plus grands exportateurs et possédait aussi une fabrique de
briques portant le même cachet.
Plus rarement, le nom était indiqué presque entièrement comme celui de PATECOV. Il est vraisemblable que seuls, les maitres des plus célèbres domaines imprimaient leur estampilles sur leur
amphores, celle-ci représentant le label d’un cru réputé.
Quelques centres de fabrication ont été identifiés et plus particulièrement au nord de notre terroir, occupé à l’époque gallo-romaine par un vaste ensemble
industriel, commercial et portuaire.
On y avait déjà décelé au siècle dernier « une ligne ininterrompue de fours à tégulae et à amphore, des fabriques de poteries communes, de luxuriantes
maisons, de nombreuses sépultures et des inscription lapidaires. »
Ce port Rhodanien exportait des produits manufacturés sur place. La fabrication des récipients à vin, qui appartiennent au type bas-rhodanien, comme le montre en particulier l’exemplaire retrouvé
intact, entrait largement dans l’activité portuaire.
La découverte de ces amphores confirme ce qui est logique de supposer; l’existence d’un commerce des vins particulièrement dynamique à l’intérieur même de la zone de production datant du Ier
siècle après J-C et la preuve incontestable d’un vignoble à proximité immédiate de ce centre de fabrication.