Desrochers, tour à tour, nous présente les occupants officiels du Galant, 26 résidents à temps partiel ou à temps plein, certains depuis des décennies, d’autres que de passage. Des Québécois de souche ou d’immigrés de contrées lointaines : une panoplie de personnages aussi excentriques, cyniques, hétéroclites, particuliers les uns que les autres, leur misère, leur pauvreté matérielle, intellectuelle, leur jeunesse, leur vieillesse, leur solitude. J’en présente quelques-uns.
Zach, le français du cinquième, pharmacologue, pusher de pot, hasch, coke, crack, speed, ice, héro, crystal, mesc. et autres. Daphné, actrice en devenir, magnifique rousse, qui ressemble à une statue de marbre coiffée d’un incendie. Kaviak, pornographe : j’ai choisi cet appartement pour un ensemble de raisons, mais surtout parce que je crois que ce changement est susceptible d’améliorer mon existence… Takao, bédéiste japonais remarque en sol canadien que les différences physiologiques sont très prononcées dans cette partie du monde. Claude, tout simplement homosexuel, un groupe punk rock, dont les membres sont tous séropositifs, des kids aux yeux sales, tellement qu’on leur a fait voir de la marde depuis qu’ils sont nés. Plusieurs autres occupants viennent au fil des chapitres dynamiser cette fiction.
Pour adulte seulement, très sensoriel, sensuel, sexuel, pornographique, tous nos sens sont mis à contribution, la vue, l’odorat, l’ouïe. Une atmosphère glauque, sulfureuse, putride, un premier roman qui impressionne. Malgré une pornographie à répétition, omniprésente qui malheureusement au fil de ses mises en scène, dérange, exaspère, Desrochers peint un magnifique portrait d’un Montréal caché des sentiers touristiques.