19 avril 2011
On ne présente plus Kevin Kelly (Wikipédia), l’un des penseurs du web, dont j’avais traduit l’année dernière “Lire d’une manière entièrement nouvelle”. Il vient de publier sur son blog un nouveau billet sur l’avenir du livre qu’il me semblait essentiel de porter à votre connaissance.
Que vont devenir les livres ?
“What Books will become”, Kevin Kelly. Traduction Hubert Guillaud.
Un livre est une histoire autonome, un argument, ou un corps de connaissances qui prend plus d’une heure à lire. Un livre est complet dans le sens où il contient son propre commencement, milieu et une fin.
Dans le passé, un livre a été défini comme toute chose imprimée entre deux couvertures. Une liste de numéros de téléphone a été appelée un livre, même si elle n’avait pas de commencement logique, au milieu ou fin. Un tas de pages vierges lié par le dos a été appelé un carnet de croquis. Il était exclusivement vide, mais il avait deux couvertures, et a donc été appelé un livre.
Aujourd’hui, le papier des pages d’un livre disparaît. Ce qui reste à leur place est la structure conceptuelle d’un livre - un bouquet de texte uni par un thème en une expérience qui prend un certain temps.
Alors que la coquille traditionnelle du livre en train de disparaître, il est important de se demander si son organisation est simplement un fossile. Est-ce que le conteneur intangible d’un livre offre de quelconques avantages sur les nombreuses autres formes de textes disponibles désormais ?
On peut passer des heures à lire des histoires bien écrites, des rapports, et à méditer sur le web et ne rencontrer jamais quoi que ce soit de livresque. On obtient des fragments, des discussions, des aperçus. Et c’est la grande séduction du web : proposer des pièces diverses vaguement jointes.
Pourtant, il ya des livres sur le web. Beaucoup. J’ai publié un des premiers livres qui a été disponible sur le web en 1994. Mais parce qu’on ne passe aucune frontière pour atteindre ces pages, la matière livresque tend à se dissoudre dans un enchevêtrement indifférencié de mots. Sans confinement, l’attention d’un lecteur tend à s’écouler vers l’extérieur, vagabondant en dehors du récit ou de l’argument central. La vitesse de déplacement de l’attention crée une force centrifuge qui fait tournoyer les lecteurs loin des pages du livre.
Un dispositif de lecture séparée semble aider. C’est pourquoi jusqu’ici, nous avons des tablettes, des Pad et autres équipements de poches. L’appareil de poche est le plus surprenant. Les experts ont longtemps affirmé que personne ne voudrait lire un livre sur un petit écran lumineux de quelques pouces de large, mais ils avaient tort. Et de loin. Beaucoup de gens lisent avec facilité des livres sur les écrans de leurs smartphones. En fait, nous ne savons pas encore très bien comment les petits écrans de lecture de livres peuvent si bien convenir. Il existe une expérimentation de lecture qui utilise un écran qui n’affiche qu’un mot de large. Votre œil reste immobile, fixé sur un mot, qui se remplace par le mot suivant dans le texte, puis celui d’après, etc. Ainsi, vos yeux lisent une séquence de mots qui s’affichent les uns derrière les autres plutôt que côte à côte. L’écran n’a pas besoin d’être très grand.
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