Moi qui n'aime pas les festivités forcées de fin d’année, me voila resservie malgré moi, et pas qu'un peu... J'ignorais que le nouvhel an thaïlandais tombait à la mi-avril... et durait 3 jours!
Mais au désarroi initial a succédé la bonne surprise. Rien à voir avec nos gueuletons et cotillons: le Songkran, c'est vraiment quelque chose. Ça marque la fin de la saison sèche donc on se débarrasse de toute l'eau qui reste en espérant que ça favorise l’arrivée de la pluie (du moins, c'est ce qu'on m'a raconté!).
A l'origine, on arrosait les bouddhas (du moins les faux, ceux en pierre, ciment, bronze, or, plastique...) pour les honorer et les purifier. On va dire que la tradition est devenue plus démocratique avec le temps : aujourd'hui, tout le monde a droit à la saucée.
Concrètement, ça se traduit par... une bataille d'eau géante et interminable dans la ville entière. Le chaos total. Tous les 10 mètres on trouve de grands bacs d'eau remplis par des tuyaux qui coulent sans discontinuer, dans lesquels on peut recharger ses munitions : pistolets à eau, gobelets, sacs à dos à eau (baptisons-les sacs à d'eau) rechargeables (je vous jure) ou carrément seaux d'eau. Tout le monde est armé. Innocente, je suis sortie sans rien mais j'ai vite fait de reconvertir ma bouteille d'eau en arme de médiocre efficacité.
Si tu sors de la maison, tu es sûr de te prendre un seau d'eau sur les épaules (si ce n'est pas sur la tête) dans les minutes qui viennent. C'est là qu'on se félicite d'avoir investi dans un sac étanche spécial Songkran.
Mais il n'y a pas que l'eau... il y a aussi la peinture de guerre. On se demandait ce qu'ils étaient en train de confectionner à la guesthouse la veille du début des festivités... Ça ressemblait à des petites meringues, et ils les mettaient en sachets. Bref, tout indiquait que ça se mangeait. Fidèle à moi-même, j'ai tendu la main pour en goûter un.... Je me suis heurtée a un « no no ! » virulent : ce n’était pas comestible. Si j'ai bien compris, il s'agit d'un mélange de talc et d'argile blanche. On le fait fondre dans un seau avec de l'eau, et d'une caresse, on en met sur la joue de toutes les personnes qu'on rencontre en leur souhaitant « sawat dii pii maï » (je vous laisse le soin de deviner ce que ça veut dire)
Plus de place sur le visage ? Qu'à cela ne tienne : 3 solutions. Soit on t'en remet encore une couche par dessus, soit on te tartine les bras ou le décolleté, soit tu te prends un seau d'eau sur la tête et le problème est réglé
Si avec ce traitement je n'ai pas la peau douce pour l’année...
Au péril de la vie de mon appareil photo (qui a survécu je vous rassure), j'ai fait/fait prendre les clichés suivants.
A gauche, la courageuse maman belge avec sa dernière née dans les bras. A sa droite, juste à côté de moi, la cadette (celle qui dansait en slip dans le post dernier) se fait remplir son seau par un admirateur dévoué (j'ai observé son petit manège un bon moment) : certains tendent les verges pour se faire fouetter, lui remplissait des seaux pour se faire arroser. En arrière-plan, des pick-up joliment décorés, chargés de moines qu'il ne s'agissait pas d'arroser n'importe comment mais de bénir en leur déversant un verre d'eau sur les épaules. au lieu de vous moquer de mon pitoyable lancer d'eau et de mon fond de teint mal étalé, cherchez les deux sacs à d'eau fantaisie qui se cachent sur cette photo.
ça ne rigole plus : on sort les éléphants, qui eux ont une arme naturelle pour l'arrosage, les petits veinards, même pas juste.
elles ne sont pas restées sèches longtemps, les princesses cavalant à dos d’éléphant et de lapin... Aucun respect pour le maquillage.
Ça, c’était à Ayutthayah.
Ce n’était rien comparé à Phitsanulok, une ville plus provinciale (voir post suivant) vers laquelle j'ai fui lors du 2e jour des festivités. Moi qui croyais arriver dans une petite bourgade endormie...
Si j'ai pu compter sur les doigts d'une main les touristes que j'ai croisés en une journée, c'est par dizaines que je me suis pris des seaux d'eau dessus. Les « farangs » sont une cible privilégiée. Pour ceux qui ne savent pas : c'est le terme qu'utilisent les Thaïs pour désigner les Européens (et Américains) en général, et ça viendrait de la transcription phonétique du mot « Français », ces derniers ayant été les premiers Européens à faire leur entrée dans le royaume des Siams. Le mot signifie également « goyave »...
Plus de détails sur http://www.forumthailandeinfo.com/index.php?topic=193.0
Fin de la parenthèse linguistique.
Bref... en tant que seule farang à l'horizon, j'ai été particulièrement gâtée... Dès qu'ils entendaient le mot magique (farang!), ils se précipitaient tous dans ma direction et faisaient la queue pour me tartiner la goule (et me faire des déclarations d'amour in English, accessoirement)... avant de me rincer copieusement. J'ai frôlé la suffocation.
Je suis tellement fait saucer que ma robe made in Thailand a déteint sur moi et que j'ai eu du mal à faire partir la couleur à la douche (la vraie).
Là, je n'ai pas pris le risque de sortir l'appareil photo de mon sac étanche, désolée.
Bref... une expérience inoubliable. Je vote pour le décalage de la nouvelle année en été chez nous.
Le seul point commun avec notre fin d’année à nous, ce sont les feux d'artifice le soir.
au bord de la rivière à Phitsanulok, juste avant d'aller me faire masser les pieds. La vie est belle.