Libye, moeurs, les nouvelles lettres persanes

Publié le 19 avril 2011 par Guy Deridet
Dans ses « Lettres persanes », Montesquieu utilise la plume de deux voyageurs persans pour décrire la France du XVIIIème siécle. En s'inspirant du fameux roman, Elie Arié esquisse un habile portrait du pays d'aujourd'hui. Mieux vaut en rire... b[Source : Marianne2]b via Jean Paul, que je remercie. Mon cher Rhedi,

Je vais tenter de t’expliquer les mœurs de cet étrange pays qu’est la France, où je me trouve depuis trois ans, mœurs que je commence enfin à comprendre.

Les méthodes commerciales sont très différentes des nôtres, et bien plus agressives : il y a deux ans, la France recevait en grande pompe un chef d’Etat étranger, le colonel Kadhafi, qui avait promis de lui acheter des avions militaires qu’elle produit, les Rafale ; le contrat mettant du temps à être signé, elle vient de bombarder son pays avec ces même Rafale, pour lui prouver leur efficacité ; je présume que si le colonel était alors convaincu et passait une commande ferme, la même méthode sera utilisée à l’égard d’autres pays toujours hésitants, comme le Brésil.

Les Français choisissent eux-mêmes, en votant, leur dirigeant suprême ; comme ils ont une saine horreur des promesses non tenues, tous les sondages indiquent qu’ils entendent élire, la prochaine fois, un candidat qui s’est bien gardé de donner la moindre indication sur ses intentions et sur ce qu’il fera une fois élu, et s’assurer ainsi qu’ils ne seront pas dirigés par un menteur –ce qui, en y réfléchissant bien, est l’essentiel.

Comme nous, les Français pratiquent la polygamie, mais d’une façon bien plus intelligente : au lieu d’avoir jusqu’à quatre épouses en même temps, ce qui coûte cher et est physiquement fatigant passé un certain âge, il les épousent successivement, l’une après l’autre (la grande majorité des mariages se terminent par un divorce), ce qui est bien plus commode ; ils pratiquent également le « mariage de très courte durée » (le temps de tirer un coup, comme chez nous), mais sans passer par les autorités civiles et religieuses, et en versant les frais du divorce ou de la répudiation à la personne répudiée, ce qui arrange tout le monde et désencombre leurs tribunaux de questions qui n’intéressent personne.

Les Français ont voté, en 1905, une loi dite « de laïcité », qui semblait régler une fois pour toutes les problèmes religieux, en faisant des religions une affaire strictement privée dont l’ Etat n’aurait plus à s’occuper ; mais sachant, comme nous le savons bien chez nous, l’importance fondamentale des religions, les politiques entretiennent en permanence le débat à leur sujet et la remettent perpétuellement en cause, en finançant par de l’argent public des écoles religieuses, la construction ou l’entretien de lieux de culte au prétexte de leur valeur culturelle (d’affreuses églises qui n ‘ont même pas de minarets !), etc. ; leur chef d’ Etat actuel, dans sa grande sagesse, vient même de décider d’un grand débat national sur cette loi de « la laïcité », tout en affirmant qu’elle était parfaite et qu’il n’était pas question d’y toucher- contradiction dont l’absurdité ne trompe personne et témoigne de sa grande habileté à maintenir vivante une question qu’il serait bien impie d’enterrer une fois pour toutes par une loi.

Voilà, je crois, des mœurs bien plus intelligentes que les nôtres, et dont nous aurions tout intérêt à nous inspirer.

Qu’Allah veille sur toi,

Uzbek

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