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Anthologie permanente : Caroline Sagot Duvauroux

Par Florence Trocmé

Rappel : Caroline Sagot Duvauroux est demain, mercredi 20 avril, l’invitée du séminaire « La Poésie pour quoi faire », auditorium du Petit Palais, à Paris. Elle dialoguera avec Jean-Louis Giovannoni et Gisèle Berkman.  
 
 
Beaucoup de peu remue. Des herbes grises. On est une rocaille ancienne. On attend. Un peu de limon sur la roche. La mer est une plaine. Sans perspective. Quelques cratères. Des cratères d’avant. Plus écartés semble-t-il. Différemment écartés. On rameute désormais. Ce qui émerge. Ce sont des mots. On présage. On veut croire. 
 
Quel est le temps de peindre quel est celui d’écrire. Le temps de la vague et le temps des rames. Le temps d’être perdu celui de perdre. Le temps des gifles vigoureuses le temps du rose aux joues et puis celui des nœuds. Suivre la boucle d’un seul fil jusqu’à l’eau d’autrefois. Filer la laine aux aiguilles crochues pendant que rêve l’eau d’au fil de peindre.  
 
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On suce de la lumière ou de l’ombre dans un crayon. On a la bouche toute noire à force et pour langue un pilon de langues. Plutôt francophone. Le français n’existe que pour les étrangers depuis le temps de l’école.  
 
Et puis ça arrive. Ça a lieu. Les mots voient quelque chose qu’on ne voit pas. Des cigognes. Du temps commun. Mais y pense-t-on ? Du temps passe.  
 
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On considère chaque langue, on prend ce qui diffère. On prend au Gabon l’inconjugable mourir on prend chez les Inuits l’être impossible et le oui des Chinois. On chipe aux Hébreux la consonne du souffle pour doper une voyelle consonnante. On polyphonique Burundi on laisse polyforniquer les oiseaux migrateurs d’autrefois et les semences voyageuses et les pollens d’autrefois. Ça fait des histoires en tête de gondole d’histoire. On a fui la compagnie. Pas capables de vivre au-delà dedans. On est un vieux solitaire loin des jeunes ragots de boutis. Il y a des coraux. Le grand serpent roule ses bosses. On va de Marseille à Tanger parmi les souilles des bateaux. Ce sont des langues. Tout est désert tout est en paix tout est blanc. On dit bleu.  
 
Caroline Sagot Duvauroux, Le Vent chaule, suivi de L’herbe écrit, éditions José Corti 2009, pp. 70, 72 et 74 
 
Caroline Sagot-Duvauroux dans Poezibao :  
bio-bibliographie, extrait 1, AA, journal d’un poème, extrait 2, extrait 3, extrait 4, à la librairie Corti (2009), Le vent chaule, suivi de l’herbe écrit (par T. Hordé), notes sur la poésie, Le Buffre, (par Florence Trocmé), Le Buffre (par A. Emaz) 
 
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