Associations et riverains se mobilisent actuellement, tant au sud de la France qu’en Ile de France, pour défendre des paysages menacés d’être défigurés ou pour dénoncer les conséquences sanitaires de l’exploitation d’une nouvelle énergie inconnue, le gaz de schiste. Pourquoi y serions-nous opposés? Ce que les jeunes socialistes dénoncent en premier lieu, c’est une supercherie, à l’opposé des engagements du Grenelle de l’environnement: investir dans les énergies fossiles alors que les énergies renouvelables manquent cruellement d’investissements et de volonté politique. Nous demandons le retrait des permis d’exploration du gaz de schiste, qui a commencé depuis mars 2010 sur 15 000 mètres carrés grâce à des permis délivrés notamment à GDF Suez et Total, alliés à des géants américains du pétrole et du gaz, à Nantes, Montpellier ou encore à Montélimar.
Pourquoi le retrait de ces permis d’exploration? Parce que ce gaz « non-conventionnel », issu de la fracturation hydraulique, à 2000 mètres de profondeur, de la roche de schiste, n’est d’une part
pas une solution énergétique durable du fait de son faible rendement, et d’autre part, produit, toutes étapes comprises, autant de gaz à effet de serre que le pétrole ou le charbon, et pollue
tant l’air que l’eau en entraînant d’importantes nuisances sanitaires. Enfin, la politique énergétique doit reposer sur un choix démocratique, au niveau local, national, et bien plus largement,
plutôt que sur la soif d’un lobby, et doit intégrer une politique d’économie et de sobriété énergétique qui sont à la base du nouveau modèle de développement que nous proposons.
Pourquoi ses partisans parlent-ils de ressource « propre »? Selon l’Association Pétrolière et Gazière du Québec, le Gaz de schiste produit 45% moins de CO2 que le charbon et 30% de moins que le
pétrole. Supercherie: ce chiffre ne tient compte que de la combustion, pas des émissions qui ont lieu tout au long du cycle: exploration, distribution, fuites diverses. Cette source d’énergie
représente aussi des dizaines de camions citernes par heure qui circulent pour amener de l’eau, avec autant de pollution, et des forages fréquents (un puits ne dure que 5 à 10 ans) qui remettent
en cause l’équilibre des sols avec des conséquences désastreuses pour l’environnement et les activités humaines (érosion, inondations…).
Le Gaz de schiste assure-t-il au moins l’indépendance énergétique de la France? Rien n’est moins sur! Les partisans du gaz de schiste vantent de vastes réserves inépuisables et assurent aux pays
sollicités l’indépendance énergétique, si recherchée alors que le pic de production du pétrole, énergie essentielle pour le monde actuel, est passé ou à venir dans les plus brefs délais, ce qui
entraîne de nouvelles explorations en mer, mais aussi dans les sables bitumineux et les roches telles que le schiste. Dans les faits, produire du gaz de schiste demande beaucoup d’énergie: une à
deux unités d’énergie produite pour une unité d’énergie investie. Son rendement diminue au fur et à mesure de l’exploitation (pour tomber en 5 à 10 ans en dessous du seuil de rentabilité). Cette
énergie coûte cher, du fait du traitement de millions de mètres cube d’eau pour chaque puits, après utilisation et crée peu d’emplois: la filière occupe 1200 personnes aux Etats-Unis. Il est 2
fois moins rentable, énergétiquement que le biogaz, et 10 fois moins, par exemple, que l’énergie éolienne. Le gaz de schiste est donc un cul-de-sac environnemental, mais aussi énergétique et
économique: les réserves en Amérique du Nord, les plus importantes, couvrent à peine 25 années de consommation.
L’exploitation du gaz de schiste soulève également une question de Santé Publique :chaque puits de gaz de schiste consomme entre 15 et 20 000 m3 d’eau à chaque forage. Cette eau est mélangée avec
un cocktail de plus de 500 produits chimiques dont certains très toxiques. Seul 50 % de l’eau introduite est récupérée : cette eau est contaminée par les produits chimiques utilisés et par le
gaz. Le risque industriel est énorme, le retraitement des eaux n’est pas garanti ni entièrement efficace, les riverains sont exposés à des molécules cancérigènes et radioactives. La nappe
phréatique qui se trouve au-dessus de la zone de fracturation de la roche se trouve polluée lors de l’opération.
Les conséquences sanitaires de la contamination de l’eau sont extrêmement graves: du gaz s’échappe au moment du forage et de la fracturation mais aussi lors de la remontée du gaz et du stockage.
Le gaz est raffiné pour le séparer de l’eau, tous les produits chimiques présents dans l’eau s’évaporent dans l’air extérieur. Cette pollution atmosphérique peut entraîner des pluies acides très
loin du lieu d’extraction. C’est pourquoi il faut nous mobiliser en France contre l’exploitation du gaz de schiste et exiger le respect de règles environnementales strictes à l’échelle
internationale et européenne.
L’eau contaminée contient du gaz, elle peut s’enflammer, mais elle contient aussi des produits toxiques comme le benzène ou le glycol (utilisé comme antigel). Les riverains de ces puits de gaz
souffrent de nombreuses pathologies : maladies respiratoires et cardiaques liées notamment à la forte densité d’ozone dégagé dans l’air, le monoxyde de carbone dégrade les globules, le sang ne
peut plus transporter l’oxygène, les éthers de glycol sont des perturbateurs endocriniens à l’origine de graves maladies neurologiques dont la prévalence explose à proximité des puits.
C’est un cocktail empoisonné qu’on sert aux citoyens au nom d’une indépendance énergétique fantasmée. Nous demandons le retrait des permis de forages d’exploration dans les sous-sols schisteux.
La politique énergétique de la France doit reposer sur plusieurs éléments: le développement des énergies renouvelables en s’appuyant sur l’énergie solaire, éolienne, et sur une meilleure gestion
de la forêt pour utiliser la biomasse, par exemple, mais aussi une politique ambitieuse d’économie d’énergie et d’autosuffisance énergétique: isolation des logements, encadrement de l’éclairage
nocturne, remplacement du chauffage électrique par d’autres sources d’énergie: tout ceci peut réduire notre dépendance énergétique en réduisant d’un tiers notre consommation. Et surtout, nous
permettre d’investir, à travers un pôle public d’énergie qu’il reste à re-construire, dans le développement des énergies renouvelables, qui créent des emplois non délocalisables et produisent
moins de gaz à effet de serre.
Source : MJS