Le chef de l’État sortant du Nigeria, Goodluck Jonathan, a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle secouée par des émeutes dans le nord à dominante musulmane.
Goodluck Jonathan
Les résultats des 36 États de la fédération nigériane, plus la capitale fédérale Abuja, donnent 22 millions de voix au président sortant contre 12 millions au deuxième candidat, un ancien chef de junte militaire, Muhammadu Buhari. Jonathan a également remporté plus de 25% des suffrages dans plus de deux tiers des 36 États, une condition nécessaire pour être déclaré vainqueur dès le premier tour.
Mais la victoire de Jonathan Goodluck, un chrétien du sud, a provoqué des émeutes dans le nord musulman. Des morts ont été signalés, notamment à Kano et dans l’État voisin de Kaduna. La Croix-Rouge a fait état de 276 blessés et de 15.000 déplacés. Les premières violences avaient éclaté dimanche, au lendemain du vote, provoquées par des accusations de fraudes contre le camp de Jonathan. Lundi, elles faisaient toujours rage à Kano, la seconde ville du pays, et avaient gagné Jos, dans le centre, et d’autres cités.
Le principal parti d’opposition, le Congrès pour le changement démocratique dont Buhari était le candidat, a officiellement contesté pour irrégularités le résultat de la présidentielle. Ces accusations figurent dans une plainte envoyée à la Commission électorale. Si dans l’ensemble, les observateurs ont jugé le scrutin de samedi plus honnête que les précédents, des résultats anormalement élevés en faveur de Jonathan dans ses bastions du sud ont semé le doute : l’État d’Akwa Ibom lui a donné 95% des voix et celui de Bayelsa, son État natal, 99,63%.
Le scrutin a confirmé une division nette entre le sud chrétien pro-Jonathan et le nord musulman pro-Buhari où beaucoup comptaient sur une victoire de ce candidat de 69 ans pour relancer une région économiquement marginalisé par le riche sud pétrolier du pays le plus peuplé d’Afrique.