Le père n'est plus

Publié le 19 avril 2011 par Badiejf

Une première aujourd’hui, j’écris ce billet de l’avion qui nous amènent à Montréal. Bebo & Cigala jouent dans mes oreilles. Lagrimas Negras... Le piano et la voix respirent la nostalgie. Il y aussi une autre première pour moi, Bob, mon père, est décédé aujourd’hui. Au moment où je m’envolais de PAP vers 14h00, il s’envolait lui aussi. Paisiblement couché dans un lit d’hôpital. Paisiblement. Il faut quand même se consoler. Je sais que mes lunettes s’embueront au cours des prochaines minutes. Ce n’est pas écrire qui fait pleureur, c’est pleurer qui fait écrire. Il était hospitalisé depuis quelques jours et les discussions avec la fratrie m’avaient amené à ne pas devancer un voyage déjà prévu ce mercredi. Depuis vendredi, les choses s’amélioraient et la pente semblait être possible à monter. Personne ne comprend, mais dimanche, les choses se sont inversées. Ma soeur m’a réveillé ce matin et avec Jo, on a couru vers l’aéroport. Le pilote vient de faire un message dans la cabine pour nous annoncer que Boston menait 3 buts à 1 contre les Canadiens en deuxième période. J’ai enfin compris pourquoi il nous avait quitté. Il n’aurait pu souffrir une autre élimination de Boston par la Sainte-Flanelle, la victoire de samedi avait été fatale. Trop de printemps de sa vie ont été marqués par les victoires de cette équipe qu’une histoire de famille l’avait amené à ne pas porter dans son coeur. Je savais bien que j’aurais un jour ce genre d’appel. Je savais surtout que ce jour approchait. On se croit préparé, mais la claque frappe, même au téléphone. Il m’arrive souvent de recevoir des remarques (ou de me faire des remarques) sur mes ressemblances avec lui. Pour me tirer la pipe, Jo me dit à l’occasion «Comment tu vas Bob ?» Elle me signifie que ce que je viens de dire ou de faire est un copié-collé du père. Ma soeur me faisait ce genre de commentaire quand nous nous sommes vu la dernière fois. J’y ressemble donc. J’imagine que c’est la même chose pour mes deux frères ?! Comment effectivement ne pas ressembler à son père ? Il y aurait trop de choses à dire au sujet de ce co-responsable de ce que je suis aujourd’hui. Je sais juste qu’il m’a transmis la sensibilité qui me définit, que je respire. Quand je me suis envolé de Port-au-Prince en début d’après-midi, j’ai mis dans mes oreilles Nessum Dorma, Chorus of the Hebrew Slaves et la version combinée de Somewhere Over the Rainbow / What a Wonderful World faite par Israel Kamakawiwo'ole. Je les ai écoutés en boucle, le son très fort. Je suis certain qu’il les as entendus.

Avec toutes ces histoires, je n'ai pas été en mesure de m'occuper de mon petit livre bleu. Je ferai ça à distance.