Magazine Moyen Orient

Les deux visages de l’Amérique

Publié le 18 avril 2011 par Jcharmelot

Les troubles qui agitent le monde arabe ont permis à ceux qui les suivent de près de mieux comprendre comment fonctionnent la société et le pouvoir américains. Comment les Etats-Unis projettent leur puissance et leur influence dans le reste du monde. Et comment, volontairement ou non, les dynamiques du Bien et du Mal qui cohabitent au coeur du dernier Empire se mettent à l’oeuvre au delà de ses frontières. Le président égyptien Hosni Moubarak a longtemps été présenté comme une allié fidèle de Washington. Un homme sur lequel les présidents qui se succédaient à la Maison Blanche pouvaient compter, un modéré, dans un univers qui semblait à la merci des fanatiques. Ses critiques disaient de lui qu’il protégeait Israel plus qu’il ne se préoccupait des droits des Palestiniens, la grande cause qui pendant plus de trente ans –avant son accession au pouvoir en 1981– avait uni le monde arabe. Il était accusé aussi de jeter en prison ses opposants politiques au nom de la stabilité, qui semblait à Washington le bien le plus prècieux à préserver dans un Moyen-Orient en perpétuelle ébullition. Moubarak était jugé dans les milieux des droits de l’Homme comme un despote, un tyran et un autocrate mais les responsables américains continuaient de saluer en lui un partenaire avec lequel affronter les menaces extrémistes redoutées par Washington, et Tel Aviv. La révolution en Iran, qui a renversé un allié américain, le Chah d’Iran, en 1979, l’année meme où la paix était signée entre le prédécesseur de Moubarak, Sadate, et l’état hébreu a certainement servi d’épouvantail permettant de justifier la longue cécité des diplomates et des stratèges américains. Et leur mutisme face au régime de Moubarak.  Par la suite, les attentats du 11 septembre 2001 et la guerre en Irak ont renvoyé sine die toute remise en question du dogme de la stabilité. Il n’était pas question d’encourager des réformes démocratiques en Egypte, ou ailleurs dans le monde arabe, alors que les émules de Ben Laden ou les nostalgiques de Saddam Hussein s’en prenaient à l’Amérique.  Tout au moins était-ce l’approche défendue officiellement à Washington. Mais la réalité est plus complexe:  depuis des années, plus d’un quart de siècle, des organisations américaines publiques et privées agissent pour promouvoir la démocratie dans le monde, comme un des moyens d’assurer la sècurité des Etats-Unis. Au coeur de cette entreprise est ancrée la conviction qu’un monde politiquement équitable et économiquement développé est  une garantie pour l’Amérique de ne pas etre entrainée dans des conflits lointains, comme elle le fut à deux reprises en Europe, et plus tard en Asie. Et aujourd’hui, des organismes comme le National Endowment for Democracy dépensent des millions de dollars allouès par le Congrès pour aider les  forces démocratiques dans des pays où règnent des régimes autoritaires. Ces forces du Bien ont trouvé un allié naturel en Barack Obama, qui a fait de l’instauration de plus de justice dans le monde un des pans de sa politique étrangères. Et dans le cas de l’Egypte, ces organisations n’ont pas attendu son fameux appel du Caire, en juin 2009, où il a exhorté les chefs d’Etat de la région à écouter et satisfaire les demandes de leurs sujets. Elles étaient au travail dès 2005, aussi bien The International Republican Institute, The National Democratic Institute, que Freedom House ou The Academy of Change, pour aider les mouvements de contestation à trouver les voies les plus appropriées pour se débarrasser de Moubarak sans provoquer un bain de sang.  Et les jeunes Egyptiens qui ont su mobilier les frustrations de leurs concitoyens ont trouvè auprès de ces organisations l’aide et les conseils qui leur ont permis de transformer la colère d’un peuple en une révolte victorieuse.  


Retour à La Une de Logo Paperblog