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Débat intéressant, le week-end dernier, autour d'un verre (virtuel), chez Olympe, sur un sujet très sensible: la prostitution. La question étant: "Pour ou contre la pénalisation du client?" Personnellement, je suis contre car je crois qu'une telle loi n'éradiquerait pas la prostitution bien que les chiffres, en Suède où le client est pénalisé, incitent à croire le contraire. Je suis sceptique. Comme chacun sait, l'interdit produit l'effet inverse, il décuple l'envie du consommateur. On assisterait donc à l'émergence d'un circuit fermé, ignoré ou presque de tous (sauf des protagonistes), circuit qui pourrait être dangereux pour ceux et celles qui choisiraient encore de se prostituer et les autres, bien entendu. Bien que je respecte leurs opinions, ce qui m'interpelle dans le discours des ultra-féministes, est l'amalgame qu'elles font entre la traite des êtres humains (filles de l'est et autres à qui on confisque le passeport et qui n'ont d'autre choix que de se prostituer) et les autres, celles pour lesquelles il s'agit d'un choix personnel. Point. Si "Leur corps leur appartient" concernant le droit à l'avortement, pourquoi n'appartiendrait-il pas aux femmes qui ont choisi d'exercer ce métier qui, pour les ultra-féministes, n'en est pas un. Mesdames, Mesdemoiselles, si vous êtes pour la loi qui pénalise le client et de ce fait le choix de ces femmes, il s'agit d'une atteinte à la liberté en ce qui concerne ce dernier. Vous brandissez la Convention que la France et d'autres pays, ont signée à savoir la "Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui, qui vise uniquement les proxénètes de tous bords mais qui n'interdit pas explicitement la prostitution en tant que telle. Vous étayez vos propos en affirmant que la prostitution est avilissante pour les femmes qui l'exercent (les femmes qui subissent les assauts sexuels de leurs maris alors qu'elles n'en ont pas envie à certains moments, ne trouvez-vous pas cela avilissant? Celles qui doivent supporter les pelotages malsains de leur patron et qui se taisent de peur de perdre leur job, ne trouvez-vous pas cela avilissant?), qu'elles subissent des violences physiques et morales et seront traumatisées à vie. A propos de ce dernier argument, vous tenez le même discours que les croisés anti-avortement. Vous écrivez vous baser sur des témoignages de prostitué(e)s de même que sur des thèses de docteures travaillant sur le terrain. Quel terrain? Celui où la prostitution se passe mal, très mal? Les témoignages que vous récoltez au sein d'associations, de fondations (et je respecte et admire leur travail) ne sont que des témoignages d'horreur et de misère humaine. Forcément. Les autres ne viendront pas vous voir. Ne croyez-vous pas qu'il puisse exister une autre prostitution dont vous n'entendrez jamais parler? Vous brandissez ces thèses expliquant, je cite, "Que la prostitution, même choisie, conduit à des pathologies extrèmement graves que l'on commence à comparer, en intensité, à des traumatismes de guerre". Hallucinant! Oui, concernant les filles que l'on a, arme sur la tempe, forcées à la pratiquer. Avec mauvaise foi, et peut-être parce que cela vous arrange, vous fermez les yeux sur l'autre prostitution: celle pratiquée entre adultes consentants et responsables. Vous refusez d'admettre qu'elle puisse exister. Vous vous basez sur des chiffres forcément faussés puisque même si vous récoltez des témoignages de prostitué(e)s qui vous diront: "Je me prostitue mais je vais bien, merci!", vous nierez la véracité de leurs témoignages pour les raisons que vous invoquez ci-dessus. Pour vous, la prostitution est une plaie, une peste dont il faut se débarrasser à tout prix. Vous ne croyez pas en une prostitution heureuse et épanouie tout simplement parce que vous ne la connaissez pas, vous ne la voyez pas car elle ne se montre pas. L'une de vous a fait paraître un témoignage pénible se terminant par cette phrase, je cite: "Quand on se rend compte de ce que sont réellement les hommes et surtout à quel point ils peuvent être stupides, je vous assure que c'est très dur de ne pas les mépriser". Suite à cela, vous imaginez, peut-être, que tous les hommes sont des salauds, qu'il faudrait tous les brûler sur le bûcher. Restons sérieux! Ce faisant, vous vous placez au même niveau que ceux qui crient à qui veut les entendre: "Dans telle communauté, ce sont tous des voleurs...." Ce n'est certainement pas avec une telle mentalité que vous changerez les choses et que vous obtiendrez l'égalité. On ne met pas tous les oeufs dans le même panier. (Pardon pour l'analogie). Il existe des braves et des méchants dans chaque communauté, chaque ethnie, parmi les deux sexes. Il faut nuancer. De plus, si cette loi passe et pénalise le client, que raconterez-vous aux prostituées? Vous leur direz: "Nous, les ultra-féministes, avons décidé de soutenir la loi qui pénalise vos clients car nous estimons que la prostitution, c'est de la m.." Pas sûr qu'elles vous applaudiront. En outre, de quels moyens disposez-vous pour leur assurer une réinsertion correcte? Ne vont-elles pas se trouver, et je pense plus particulièrement aux plus fragiles, dans une situation bien plus précaire qu'avant? Car si vous entérinez ce projet de loi, vous pénalisez également, d'une certaine façon, les prostituées. Est-ce vous qui leur donnerez l'argent nécéssaire pour payer leur loyer, leur nourriture...etc? Ils sont très éloquents vos propos mais que va-t-il se passer après? Y avez-vous déjà songé? Si le féminisme actuel se résume à ce discours moralisateur et sectaire, il me parait bien éloigné du féminisme d'antan et me donne des frissons dans le dos.
Les commentaires sont ouverts aux hommes, aux femmes et aux prostituées...heureuses. Je précise que vous pouvez laisser un commentaire de manière anonyme. A vos plumes.....