Ces derniers jours, les candidatures pour la présidentielles de 2012 se sont multipliées de façon incroyable. De Borloo à Hulot, en passant par Villepin tous sont convaincus, ou du moins feignent de l'être, d'être le chevalier blanc qui va sauver la France du marasme dans lequel elle est. Ah ! il faut dire dire que dans tous les cas, elle est belle la mise en scène, ils sont beaux les discours, et on aimerait franchement y croire. Pourtant, il y a quelque chose qui cloche pour chacun d'entre eux : ces sauveurs venus de nulle ne sont pas des perdreaux de l'année, ils ont tous un passé, et il ne plaide pas pour eux.
Mais qui pourrait blâmer tous ces ambitieux de leur perte de mémoire quand l'exemple vient d'en haut. A première vue, Nicolas Sarkozy sera bien candidat à sa propre succession, et ses actes de campagne sont d'ores et déjà évidents : l'insécurité, l'immigration et le pouvoir d'achat. C'est ainsi que le ministre de l'intérieur multiplie les déclarations choc, et que les ministres chargés de l'économie nous annonce une prime fumeuse pour l'été. Le candidat Sarkozy de 2012 reprend les thèmes du candidat de 2007. Il oublie juste qu'entre temps il a été aux affaires. Non pas qu'il n'ait pas tenu ses promesses (là dessus, je ne suis pas de l'avis général : il a tenu ses promesses), simplement celles-ci se sont souvent avérées inefficace et impopulaires. Qu'à cela ne tienne, on y va franchement, quitte à faire le lit de Mme Le Pen.
L'impopularité du président de la République encourage les candidatures dissidentes à droite, à commencer par celle de Dominique de Villepin. L'ancien premier ministre se gausse de son bilan, et présente un programme qui est sur certains points bien plus à gauche que celui de Mitterrand en 1981. Monsieur de Villepin se veut en rassembleur au-dessus des partis. N'est-ce pas formidable de la part de l'homme qui a inventé le bouclier fiscal et qui est à l'origine avec le CPE du plus grand soulèvement de la jeunesse dans ce pays depuis 68 ?
Mais bon, à droite il n'est pas le seul. Jean-louis Borloo est lui aussi sorti du bois. Il se veut porteur d'un projet bien plus humaniste que celui de l'actuel gouvernement. Un projet qui ne serait pas seulement accès sur l'insécurité et l'immigration, mais sur le social et l'écologie. Ben tiens ! Il est vrai que Mr Borloo a quitté le gouvernement juste par désaccord idéologique et non pas parce qu'on ne lui avait pas donné le hochet promis. Il est vrai que Mr Borloo n'a pas été ministre des affaires sociales sous le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, et donc à l'origine de cette politique sociale désastreuse. Il est vrai enfin qu'il n'a pas été ministre de l'environnement de Nicolas Sarkozy et qu'il n'a pas autorisé les premières extractions de gaz de schiste.
A la droite de la droite, c'est bien sûr Mme Le Pen qui se sent pousser des ailes. Elle est partout dans tous les médias, et à chaque fois on nous vend ce mirage qui voudrait qu'avec elle le Front National ait changé. Désormais, ce parti est en voie de respectabilisation, il serait compatible avec la République, bref, avec Mme Le Pen, le FN serait un parti de droite extrême et non plus d'extrême-droite. Ah bon ? Parce que Mr Gollnisch, qui a parfois tenu des propos litigieux sur le négationnisme n'est plus membre du FN ? Parce que les photos montrant Mme Le Pen avec des néo nazis n'ont jamais exité ? Parce que le programme économique du FN n'est pas en grande partie pompé sur celui d'Hitler en 1933 (la preuve ici) ?
Mais qu'on se rassure, la perte de mémoire n'est pas l'apanage de la droite. C'est le gentil Hulot qui compte bien se présenter à nos suffrages. Oui, le gentil Hulot, le populaire Hulot, le médiatique Hulot. Tellement gentil, qu'aujourd'hui il n'est plus de droite, parce que la droite, Hé Hé, c'est elle qui faut battre. Donc, Mr Hulot, il n'a jamais soutenu Jacques Chirac en 1995 et 2002 ! Et Mr Hulot, il est écolo, c'est incontestable, par conséquent, sa fondation n'a jamais été soutenue par EDF, Rhône Poulenc ou Areva. Et il voyage pas en hélicoptère, Mr Hulot, non non, il est écolo on vous dit.
Mais bon, au PS, ils ne sont pas en reste. Regardez Mr Hollande, l'homme qui monte en flèche (et que j'aime bien par ailleurs), celui qui pourrait concurrencer Strauss-Kahn. Hollande, c'est un homme de terrain, un corrèzien, il connaît bien la France profonde. Mais que faisait-il Mr Hollande en 2002 et 2007 ? Il n'était pas premier secrétaire du parti ? Et à ce titre, il n'est pas responsable des fiascos électoraux de 2002 et 2007 qui ont fait tant de mal à la gauche ?
Enfin, comme je suis quelqu'un qui aime bien, je châtie bien, par conséquent je terminerai par Jean-Luc Mélenchon. Certes, son discours est crédible, certes il a toujours figuré à la gauche du PS, certes, il tire à boulets rouges sur les dérives de ce parti, mais que faisait-il sous le gouvernement Jospin dont la politique libérale a dérouté tant d'électeurs de gauche ? Ne me dites pas qu'il était ministre, et donc à ce titre solidaire de la privatisation d'Air France, de celle de France Télécom, solidaire des baisses d'impôts, solidaire de la fléxibilité ? Non, ne me dites pas ça.
Mais bon, tout cela n'est rien. Les hommes politiques de ce pays n'ont pas de mémoire, ce n'est pas grave, les Français non plus : Tibéri, Balkany, Mellick, ont toujours été réélus. Et Jacques Chirac aussi en 2002...
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