Un garçon singulier
Dans son nouveau livreUn garçon singulier, il développe ses thèmes favoris : l'enfance, l’amitié, l’autisme. Tout cela parsemé, bien sûr, de notions psychologiques.
Le roman débute par une petite annonce : un couple recherche un étudiant pour s’occuper quotidiennement de leur enfant “singulier” à Horville. Louis se sent immédiatement concerné : lui-même se considère “en marge” des autres et, surtout, le lieu de résidence a le goût de ses étés d’enfant. Il part donc rejoindre l’adolescent et sa mère dans la station balnéaire désertée.
Rapidement, le lecteur découvre que ce huis-clos ouvre le roman sur trois histoires : l’évolution de la relation entre Louis et Ianis évidemment, mais aussi le jeu de séduction entre la mère et l’étudiant et enfin, l’émergence de souvenirs enfouis par le jeune homme. Car son passage dans cette famille atypique et surtout dans cette ville va fonctionner comme une véritable thérapie sur Louis. Au gré de ses balades et des réactions de son protégé, des moments douloureux qu’il avait refoulés depuis son enfance vont ressurgir. Au fil des pages et des flashbacks, les morceaux du puzzle s’emboîtent. Peu à peu, le lecteur a donc accès au fonctionnement psychologique des deux personnages : on découvre le drame vécu par Louis et on pénètre dans le psychisme de Ianis en prévoyant ses crises, en devinant ses capacités, en percevant sa souffrance. La mère tient elle aussi un rôle fort : tour à tour désemparée et dominatrice, figure maternelle et objet de désir, peu présente et pourtant omnisciente, c’est elle qui contrôle ce huis-clos.
Philippe Grimbert nous livre ici un roman complexe aux multiples lectures, où se mêlent fiction et concepts de psychologie. On y retrouve, en effet, souvent, des faits très connotés psychanalytiquement : la symbolique des excréments, le complexe d'Œdipe, le refoulement, la fonction du Père… Le désir de l’auteur de mélanger ces ingrédients à son écriture est compréhensible et constitue même son originalité. Mais cela gêne parfois la lecture, l’alourdit, au point que l’on éprouve le sentiment embarrassant d’être retourné, avec Louis, sur les bancs de la fac pour suivre un cours de psychologie.
Nathalie Clément
Source : http://www.froggydelight.com/article-10195-Un_garcon_singulier