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Quartier libre : c’est fini à Barbezieux (16)

Par Benard

La petite librairie indépendante de Barbezieux jette l'éponge.  Après quatre ans d'activité et quelques embûches, elle n'a pas pu élargir  suffisamment sa clientèle.   Séverine Kohout a ouvert sa librairie il y a quatre ans. Son Quartier libre n'a pas été assez fréquenté pour lui permettrede maintenir son activité. Spécialisée dans  la littérature enfance et jeunesse et depuis peu dans les jouets, elle tirera le rideau  et sa révérence, sans doute courant avril.  C'est la mort dans l'âme et avec la rage au coeur que Séverine Kohout, la gérante, a dû prendre cette décision. “Depuis quatre ans, j'arrive à peine à payer mes charges. Je faisais quasiment du bénévolat soixante-dix heures par semaine, ajoute la jeune femme. Et si j'ai bien fonctionné pendant les fêtes de fin d'année, cela m'a tout juste permis d'éponger sept mois de déficit.”   Elle le reconnaît, son projet était compliqué: “La littérature jeunesse c'est un marché étroit.

A Barbezieux ce n'était pas facile.” Raison pour laquelle elle avait complété sa gamme avec des jeux ou jouets de jeunes créateurs. Le tout dans un cadre plutôt chaleureux qui ressemblait autant à l'intérieur d'un salon confortable qu'à une librairie. Un concept qui incite à la flânerie, à aiguiser l'appétit ou la curiosité des jeunes lecteurs, à condition que leurs parents acceptent de franchir le seuil. Ce qui n'était pas assez le cas. “Il y avait encore beaucoup à faire.”   Mais la jeune femme estime avoir joué de malchance dans ses démarches commerciales. “En 2010, il y a eu les travaux de la rue Victor-Hugo prévus pour durer deux mois et qui se sont étirés pendant sept mois. Je devais parfois attendre une semaine avant de recevoir mes livraisons”, se souvient-elle. Elle en veut à la mairie “parce qu'il n'y pas eu de volonté de la Ville pour soutenir le commerce.”   Enfin est arrivée pratiquement en même temps l'ouverture de l'espace culturel Leclerc en février 2010. “Il ne m'a pas pris de clientèle. Nous avons des clientèles et des concepts très différents. Ici, c'est une librairie, là-bas, c'est un marchand de livres. Mais son implantation ne m'a certainement pas aidée à développer une nouvelle clientèle.”Un gros travail avec les crèches    L'ancienne prof d'arts plastiques qui avait laissé tombé l'éducation nationale  “parce qu'[elle] ne trouvai[t] plus [s]a place dans [s]a discipline”, ne regrette rien de ses choix. “Cela a été une aventure passionnante.” Séverine Kohout a beaucoup travaillé avec les crèches, les médiathèques, le réseau enfance jeunesse de la région. “J'ai fait des animations dans les écoles, des formations à l'album auprès des intervenants», raconte la jeune femme, d'autant qu'elle avait elle-même suivi une formation sur la littérature jeunesse. Résultat: outre les réseaux qui se consolidaient, elle a pu réaliser une bonne partie de son chiffre d'affaires de vente avec ces structures: “Avant elles se servaient souvent à Bordeaux, voire à Angoulême.”  

Depuis quelques jours, elle prévient sa clientèle. “Je sais qu'ils sont très déçus. Certains parlent même de créer une librairie associative. Moi cela me semble très compliqué.” Il n'empêche que le lieu manquera à beaucoup. “J'y ai dépensé une énergie dingue, mais je sais aussi que pour certains, c'était devenu très affectif. Je pense que beaucoup de gens ne regarderont plus la littérature jeunesse de la même façon.”Séverine Kohout, 34 ans, n'a pas l'intention de renoncer à ses passions, mais en ouvrant un nouveau chapitre. “Je vais sans doute tenter le concours pour devenir professeur des écoles. Je resterai toujours dans le livre pour enfants”, sourit-elle doucement.

Source : http://www.charentelibre.fr


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