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Petits fascismes quotidiens

Publié le 18 avril 2011 par Hermes
Petits fascismes quotidiens
1- Je lis: (AFP) « Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, interrogé dimanche sur le dramatique accident de Chelles, a jugé que le chauffard méritait de ne "jamais sortir de prison de toute sa vie", si la conduite sans permis, en état d'ivresse et la situation de récidive sont avérées. "S'il est avéré qu'il conduisait sans permis et en état d'ivresse, et qu'en plus il avait récidivé dans ce domaine, je crois que cet homme est un criminel qui ne devrait jamais sortir de prison de toute sa vie", a déclaré Henri Guaino à l'émission Dimanche+ de Canal+. Jamais ? "Jamais !", a-t-il insisté. »
Ainsi, et il ne s’agit pas de nier ou d’excuser ce drame, cette éminence grise de Sarkozy prône la prison à vie, absolue, sans espoir de sortie, pour un homicide INVOLONTAIRE. Tuer sans intention, par accident, mais du fait de l’inconscience serait donc plus condamnable que de martyriser consciemment un être humain, de le réduire à un légume toute sa vie durant… Et après on s’étonnera de « la perte des valeurs » !
2 – A propos de l’œuvre d’ Andres Serrano détruite à Avignon, je lis ceci : "L'Observatoire de la liberté de création, émanant de la Ligue des droits de l'homme, a dénoncé dans un communiqué "ces actes de vandalisme" et rappelé: "C'est au public de juger les œuvres, pas aux censeurs autoproclamés"." Pourquoi pas ! Mais où commence le vandalisme ? Et surtout, qu’est ce qu’une œuvre ? « C’est au public de juger les œuvres »… L’art, objet de jugement ? Et est-ce le public qui juge ou bien ceux qui, en amont, imposent les œuvres, les consacrent comme telles ? Le public n’a ainsi plus qu’à avaliser un choix de la même façon que dans une dictature on traîne les pieds pour aller voter à 98% pour les seuls candidats choisis par le Parti ! Qu’on puisse blasphémer sur telle religion et pas sur telle autre est un autre débat. Mais de débat, il n’y en aura pas. Petit fascisme ordinaire.
On retira d’une exposition, il y a peu, la photo d’un homme se nettoyant les fesses avec un drapeau tricolore. Mais "l'artiste"n'appartenait pas au sérail: On ne cria pas à la censure. Mitterand qui "condamne une telle atteinte à un principe fondamental, la présentation de ces oeuvres relevant pleinement de la liberté de création ", ce jour-là se tut . On retiendra que pour la religion citoyenne, spectaculaire, marchande, sponsorisée, le blasphème consiste à vandaliser l’œuvre autoproclamée, contresignée par le ministre et la finance. Crime contre la religion de la secte de l'art contemporain financée par LVMH. Crime contre l'argent. A chacun sa religion mais, encore une fois, qu’on ne s’étonne pas de la perte des valeurs.
3- Dans le Parisien.fr, je lis à propos de Bertrand Cantat: "le musicien n’ira ni au Québec ni au Festival d’Avignon pour « Des femmes », la pièce de Wajdi Mouawad, dont il doit assurer la partie musicale. L’annonce de sa venue à Avignon avait indigné Jean-Louis Trintignant, également programmé cet été dans la cité des Papes, et qui a maintenu sa décision de ne pas s’y produire. Au Québec, où Cantat devait jouer en 2012, le tollé médiatique et politique a été tel que Wajdi Mouawad a fini, vendredi soir, par sortir de son silence. »
On ne cesse de s’en prendre à Bertrand Cantat. Il a tué, il a été condamné, il a payé. Mais non, il lui faudra, outre le poids du remords, subir la haine des victimes et de ceux qui arborent le bien dans leur sillage. Ah le fascisme victimaire ! Écoutez-le à la télé ! D’un coté le bourreau, de l’autre la victime ! Trintignant déclare : « Et aujourd'hui, c'est un homme que je déteste, et je vais dire une chose terrible, il s'est conduit comme une merde et il est l'homme que je déteste le plus au monde."
La victime a toujours raison. Le bien est à l’opposé du mal. Comme le petit fascisme ordinaire est confortable !

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