La palette colorée de Samuel BURI
Jusqu’au 8 mai vous pouvez vous plonger dans le tsunami de couleurs de Samuel Buri.
Marqué par l’abstraction lyrique américaine, le peintre bernois Samuel Buri, né en 1935, marque sa grande fidélité à la nature. Son ambiance tachiste, « all over », très vivement colorée nous dévoile un coloriste hors pair. À 75 ans, celui qui baignait dans les années 1970 dans le pop art des champs, avec ses vaches, veaux et chalets…, en écho au pop art américain des villes, et qui plus tard côtoyait Rancillac et Monory parmi tant d’autres, nous revient avec sa palette facilement identifiable. L’esprit de Matisse plane sur Buri mais pas seulement; on peut s’amuser à retrouver au fil des toiles le pointillisme façon Seurat , l’image sérigraphiée d’Andy Warhol , et même une idée du travail de Soulages sur le sombre ( la clématite bleue ) ou une reinterpretation des autoportraits à la manière de Van Gogh; un festival de couleurs vraiment rejouissant propre à ensoleiller n’importe quelle journée maussade .
Les oeuvres de Samuel Buri ont été exposées dès 1980 à la Fondation Beyeler; il a eu par ailleurs une carrière parisienne ou il a exposé au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 63 et en 69 , , puis au salon de la Jeune Peinture et surtout , consécration , au Grand Palais en 1972 lors d’une exposition de 31 artistes suisses contemporains.
Un citoyen d’honneur de la couleur - le peintre Samuel Buri -par Philippe Büttner/ Fondation Beyeler
Ernst Beyeler le considérait comme un « grand coloriste ». En effet, la contrée enchantée de Samuel Buri, c’est bien celle de la couleur. Appelons-la le « Coloristan » avec Valeurs-sur-mer, sa capitale idyllique et ses saints patrons Saint-Rouge, Saint-Jaune et Sainte-Bleue.Buri est citoyen d’honneur de ce pays. Il connaît ce mélange d’ivresse et de systématique propre à la couleur. Il en connaît toutes les langues, toutes les vieilles légendes oubliées ainsi que les manifestations les plus récentes. La couleur est à l’origine de son territoire le plus personnel.
Après la joie de la trame de la fin des années soixante, Buri évoque au milieu des années soixante-dix les familles des artistes grâce à ses illustres prédécesseurs (ici « La famille de Monet »).Et là où la couleur triomphe ainsi, la sérialité n’est pas loin, Buri crée de grandes séries de peinture dans lesquelles les thèmes ou les structures sont déclinées en toutes les couleurs.
Carlo Aloë Quotidien 1997
Le quotidien selon Carlo ALOË : de bruit et de fureur !
Voilà un artiste qui témoigne de la vie de ses contemporains. On s’attend à trouver ses tags en ville sur les murs d’usines desaffectées ou sur les wagons de trains en instance de démolition . Aloë a l’œil vif, il observe la sphère urbaine. Il présente la ville, il la dépeint. On peut classer son œuvre dans la nouvelle figuration. Aloë est fasciné par les ambiances citadines, mais également effrayé par le flot incessant d’images et les séquences déversées par les mass-médias. Le visiteur est rapidement plongé dans un univers qu’il s’agira de décrypter afin de comprendre les nombreuses séries d’histoires qui sont relatées dans ses œuvres.
Le point de départ de ces tableaux est une collection d’esquisses, un fonds de motifs réunis par l’artiste, qui peut être agrandi à volonté et transféré sur un écran, à l’aide d’un antique projecteur. Par le fondu enchaîné de leurs formes, ces images individuelles perdent leur lien avec la surface et se transforment à vue d’œil en grilles de lignes spatiales translucides.
Les différents motifs de l’image, considérés de manière intrinsèque, sont figés en formes volontairement simples : des pin-up et des filles en bikini évoquent les paradis de vacances et les éternels fantasmes masculins, les silhouettes d’avions stéréotypés et de navettes spatiales reposent sur une naïve euphorie futuriste ; encore et toujours des files d’automobiles qui psalmodient l’air du rêve d’une mobilité sans limites. Reines de beauté et squelettes affamés, grondement de canon et mitre papale, animaux en peluche et masses humaines— de tout ceci, et de bien d’autres choses encore, naît un réseau sémantique cynique et profond, qui laisse à chacun la liberté de se plonger dans ses propres associations. Le contenu des fondus enchaînés et des arrangements ne doit rien au hasard, et c’est la même virtuosité qui les fait coïncider en une unité créatrice —d’où naît la beauté picturale.
Espace d’Art Contemporain Fernet Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis
tel : 03 89 69 10 77