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Bravo Borloo ! (2) : radical par esprit libre

Publié le 18 avril 2011 par Sylvainrakotoarison

Alors que chaque jour, l’UMP se droitise de plus en plus sur des chemins de plus en plus hasardeux, l’initiative des radicaux valoisiens de reprendre leur liberté donne un air frais à la démocratie sociale et aux valeurs républicaines. Une occasion qu’il faut savoir saisir. Deuxième partie.

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La décision qu’a prise Jean-Louis Borloo de quitter l’UMP (1e partie) est un long processus. Retour au précédent quinquennat.

Radicaux par aspiration à l’indépendance

Lorsque le maire de Nancy, André Rossinot, et son "dauphin", Laurent Hénart (tous les deux anciens ministres), ont remis à Jean-Louis Borloo les clefs du Parti radical, d’abord le 11 décembre 2005 en en faisant un coprésident, puis le 17 novembre 2007 en le consacrant unique président (lors du 108e congrès du Parti radical), c’était avec un double objectif : faire encore vivre un courant modéré et autonome au sein de l’UMP, et "se doter" de l’une des personnalités les plus populaires de la majorité.

Depuis 2007, le Parti radical valoisien est devenu progressivement le parti de la dissidence tout en restant dans la majorité, à tel point que de nombreux démocrates sociaux ont adhéré chez les radicaux (comme Dominique Paillé et Jean-Paul Alduy) mais aussi d’anciens responsables issus du RPR, comme les anciens ministres Yves Jégo (député-maire de Montereau) et Serge Lepeltier (qui fut même secrétaire général du RPR) ou encore Franck Marlin (député-maire d’Étampes). Déjà le 20 juillet 1977, Olivier Stirn était passé du RPR au Parti radical (puis au PS lors de l’ouverture mitterrandienne en 1988 puis, après une alliance avec Corinne Lepage, de nouveau à l’UMP maintenant !).

Pourquoi cette soudaine "radicalisation" d’élus anciennement gaullistes ? Parce que c’était pour eux un moyen commode de prendre leurs distances avec la direction de l’UMP tout en restant au sein de la majorité (pour notamment préserver leurs futures investitures).

Un grand absent

La confédération centriste qui se dessine depuis le 12 avril 2011 oublie pourtant une composante, que je dirais essentielle, du centre à savoir le MoDem de François Bayrou. Certes, François Bayrou vient de rejeter dès le lendemain la main tendue de Jean-Louis Borloo, mais rien n’est encore perdu.

Car la force du centre serait réelle par l’alliance entre les deux personnalités, François Bayrou et Jean-Louis Borloo. Cette alliance est même indispensable pour avoir un epsilon de chance de peser dans les futurs débats politiques.

Le sondage IFOP du 8 avril 2011 le décrit assez bien : quoi qu’on en dise, que ce soit l’ensemble des Français ou que ce soient les électeurs proches du centre, Jean-Louis Borloo devient une incarnation de plus en plus réelle du centre au détriment de François Bayrou (télécharger le sondage ici).

Ils sont deux hommes plus présidentiables que premiers ministrables d’ailleurs, plus aptes à donner de grandes lignes qu’à gérer au quotidien.

La démarche responsable, et historique, ce serait de jeter les rancunes du passé à la rivière (selon une expression giscardienne du début 1982), et de reconstruire ensemble l’avenir. Beaucoup d’électeurs sont en attente d’une telle démarche responsable. Eux, ils s’en moquent des destinées individuelles. Ils sont préoccupés par l’état de la France et veulent encore espérer.

Au diable les rancunes !

Depuis dix ans, toutes les stratégies ont été un échec. Tout le monde a eu tort !

François Bayrou, avec le MoDem, croit avoir eu raison, mais maintenant, son parti attire seulement 2% des suffrages exprimés aux dernières élections. Hervé Morin, avec le Nouveau centre, croit avoir eu raison, mais maintenant, il obtient seulement 2% d’intentions de vote aux derniers sondages. Jean-Louis Borloo, en intégrant l’UMP, a cru avoir raison, a cru qu’il deviendrait Premier Ministre, mais maintenant, il a compris et il la quitte.

Mais que des personnalités centristes aient eu raison ou pas, là n’est pas l’important. L’initiative de Jean-Louis Borloo est la première pierre de reconstruction d’un centre dans le paysage politique et électoral. Il devra y en avoir d’autres, de pierres, pour faire un édifice stable et solide.

Des idées qui rassemblent

Deux sujets essentiels devraient être les points communs de la nébuleuse : la construction européenne et la décentralisation. Sur la décentralisation, plus rien n’a été vraiment proposé et la réforme des collectivités territoriales a déstabilisé toute réflexion en profondeur.

Sur l’Europe, le sujet pourtant majeur du centrisme, il est regrettable que François Bayrou l’ait abandonné en rase campagne lors des élections européennes du 7 juin 2009 au bénéfice d’un antisarkozysme très circonstanciel et improductif. Il ne s’en est peut-être pas rendu compte ou peut-être était-ce calculé pour attirer un autre segment de l’électorat, mais en oubliant l’idéal européen et en risquant de le jeter aux sirènes du souverainisme, François Bayrou a renoncé au seul avantage compétitif du centrisme politique qu’avait ramassé avec raison Daniel Cohn-Bendit.

Plus modeste, Jean-Louis Borloo n’a pas hésité, le 7 avril 2011, à donner quelques pistes de réflexion intéressantes sur la construction européenne. Il jouit d’une vision économique globale assez pertinente où il s’aperçoit que le risque n’est pas maghrébin ni musulman, comme comptent le faire croire le FN et une partie très bruyante de l’UMP, mais il est asiatique, car c’est en Chine et en Inde que des combats se gagnent en ce moment. L’Union Européenne est une construction très bonne en elle-même, selon lui, mais l’outil est mal utilisé. Il est utilisé contre les pays européens eux-mêmes en maintenant cette pression absurde d’une concurrence entre les pays de l’Union Européenne alors que l’objectif devrait être de renforcer cet ensemble européen pour être compétitif face à d’autres grands pays du monde, et en particulier les États-Unis, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine.

Dans la dernière partie, j’essayerai d’apporter quelques idées pour permettre à un centre de s’affirmer avec force, un processus qui doit inévitablement passer par un socle programmatique commun… et bien sûr, par une candidature commune à l’élection présidentielle.

Aussi sur le blog.

 
Sylvain Rakotoarison (15 avril 2011)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
La (vraie) famille centriste.
La trajectoire de François Bayrou.
À qui appartient l’UDF ?
L’éclatement de l’UMP.
Le décentrage de l’UMP.
Sondage IFOP à télécharger sur le leadership du centre (8 avril 2011).

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http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bravo-borloo-2-radical-par-esprit-92431

http://rakotoarison.lesdemocrates.fr/article-282


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