La prime aux salariés lancée par le gouvernement ressemble à s'y méprendre à la « prime Villepin » de 2005 qui n'avait concerné que très peu de salariés. Celle de 2011 en concernera t-elle encore moins ?
Si les français sont hermétiques, sur le rôle de l'immigration, dans l'ensemble des maux de la France, au point que, dans la dernière étude IFOP/JDD, on apprend, qu'en termes de satisfaction, Nicolas Sarkozy recueille : « 28% de satisfaits contre 72% de mécontents » Ils n'ont pas oublié que, celui-ci avait beaucoup promis ... à tous les salariés !
Témoin cette déclaration, qu'il doit probablement regretter, mais qu'il se doit aujourd'hui d'assumer : « (...) Quand on est hanté par les fins de mois difficiles, on n'est pas entreprenant, on est pas dynamique, on n'est pas productif. Je vois avec plaisir tous ces théoriciens de l'économie qui m'expliquent que le problème du pouvoir d'achat cela n'existe pas, c'est la compétitivité des entreprises. Parfait. Mais comment peuvent elles être compétitives, les entreprises, avec des salariés qui sont eux-mêmes démoralisés et qui ont le sentiment qu'ils ne sont pas payés au juste prix de leur investissement personnel ?(...) »
D'ailleurs, c'est à se demander pourquoi, en 2007, alors que la crise financière n'avait pas pointé le bout de son nez, il n'avait pas obligé les entreprises à augmenter les salaires ? Mais, crise et laisser faire économiques aidant, force est de constater que le politique ne peut plus aujourd'hui influer sur les prix, l'emploi et surtout ... les salaires !
Conclusion : Pour éviter une débacle en 2012, il faut faire du « social » et s'occuper dare dare de l'emploi et de l'augmentation des salariés ! Mais, que faire lorsqu'on a plus de 4 millions de personnes concernées par le chômage partiel ou à temps complet ?
Il suffit, pour Xavier Bertrand, de dégainer une mesure phare : La préférence nationale à l'emploi !
S'appuyant sur 2,7 millions de demandeurs d’emploi en France, il a proposé de : « (...) réduire l'immigration légale, notamment liée au travail dont il a estimé qu’elle représentait à peu près 20.000 personnes (...) » Mais comme le fait remarquer Patrick Lozes, sur le Nouvel Obs : « (...) En supposant que la baisse soit effectivement de 20 000 personnes, cela ne ferait que…0,7% des 2.7 millions de chômeurs (...) bien utile pour envoyer des messages vers la frange la plus sensible aux thèses de l’extrême droite (...) » Chassez le naturel ...
En ce qui concerne la fameuse prime aux salariés, bien peu de français se souviennent de la « prime Villepin » de 2005
Le site Web de l'Entreprise la présentait en 2005 : « (...) le Premier ministre a annoncé un programme de mesures destinées à relancer, d'ici à 2007, la croissance, l'emploi et le pouvoir d'achat (...) La possibilité donnée aux entreprises de distribuer à leurs salariés un bonus de 1 000 euros au maximum, entièrement exonéré d'impôt et de charges patronales fiscales et sociales (...) »
Résultat ? : Au final, comme le rappelle Laurence Laigo de la CFDT « (...) la prime Villepin (pas obligatoire, plafonnée à 1.000 euros), tout le monde l'a attendue et ça a dû toucher quelque 330.000 personnes »
Alors, quelles en seraient les modalités et combien de salariés seraient concernés cette fois- ci ?
Un chiffre tout d'abord : Il faut savoir que, dans le domaine de la participation : « 92% des salariés des entreprises de plus de 500 salariés ont accès à au moins un dispositif, contre 11,6% des salariés des très petites entreprises (...) » Nous dit 20Minutes.
Et dans la mesure où, plus de 90% des salariés français, travaillent dans des entreprises de moins de 20 personnes, le projet de prime prend toute son ampleur !
Néanmoins, selon Christine Lagarde, on s'éloigne de plus en plus de la première annonce de François Baroin, puisqu'elle déclare : « (...) Je ne pense pas qu'on puisse lui donner un caractère obligatoire dans son montant. Ce à quoi nous réfléchissons actuellement, c'est la chose suivante : un mécanisme d'exonération de charges sociales pour que les entreprises puissent payer des primes exceptionnelles à leurs salariés, à titre négocié (...) »
En gros : Faire financer une prime au montant aléatoire par une augmentation du déficit des régimes sociaux ! Ce qui ne gêne pas, outre mesure, Laurence Parisot, pourtant si pointilleuse sur leur gestion. En effet, devant si peu d'obligations, celle-ci a affirmée être «rassurée» par les propos de la ministre. Quant à la CGPME, elle est carrément aux anges puisqu'elle se réjouit de savoir : « que cette prime serait à négocier entre les patrons et les représentants des salariés » - TF1/LCI
Alors, en fin de compte, qui serait réellement concerné ?
Selon François Chérèque qui connaît bien le dossier : « Cela concernera très peu d’entreprises : les entreprises du CAC 40 (...) cela écarte donc les entreprises qui ne font pas de bénéfices ou dont les bénéfices sont en baisse, toutes les entreprises qui ne sont pas cotées en bourse, toutes les petites entreprises (...) »
Que peuvent attendre ces exclus du dispositif ?
Xavier Bertrand indique : « (...) Pour les entreprises qui ne seraient pas concernées par ce dispositif, il faut que ce soit les salaires qui bougent, a insisté le ministre. Il faut que les branches professionnelles se mettent autour de la table pour en parler (...) »
YAPLUKA ... Attendre !
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L'Express