Moi, Michel G. Milliardaire Maître du Monde

Le cinéma français semble vouloir rattraper l’actualité. Avant de retrouver l’ascension de l’actuel Président, qui sera visible à Cannes, nous voici devant une revisitation du capitalisme sauvage et moderne, sous les traits d’un mix des grands patrons du moment, passés à la moulinette d’un faux documentaire étrangement cynique et pédagogique.

Michel Ganiant, un des plus grands patrons français actuel. Modèle de réussite, mentalité de requin de la haute finance, vie de famille parfaite pour la une de Paris Match. Mais derrière le PDG d’une multinationale se trouve aussi un homme, et lorsque le journaliste rebelle Joseph Klein parvient à obtenir l’autorisation de le suivre au quotidien, la vérité se fera jour.. pour notre plus grand mal. « Bienvenue dans le monde de Michel Ganiant. Pas de bol, c’est aussi le vôtre… ». Ce Moi, Michel G. … ou 6MG prend ses racines dans les grandes évolutions de la société d’aujourd’hui, de la libéralisation du capitalisme dans les 90′, à l’explosion des médias, l’attention médiatique et les fusions/acquisitions des grands groupes. Filmé du début à la fin sous forme d’un documentaire dirigé par le facétieux Laurent Lafitte, nous voici face à la triste réalité de notre quotidien, et de son plus grand symbole, cet homme ami des politiques et des cercles de finance de la capitale, avec hélicopètre, maison de campagne et yacht de luxe dans les îles, passant son temps dans l’irréalité des rachats d’entreprises et de la compétition capitalistique. François-Xavier Demaison, parfait pour ce rôle, joue de cela avec une aisance remarquable, lui-même échappé de ce monde de dirigeants coupés du monde.

Le film ne se veut pas porteur d’un message pour alarmer les foules, ni forcément une leçon de morale bien inutile. Au-delà de son concept, rapidement dépassé, c’est surtout un constat de la situation actuelle, héritée des évolutions brutales de ces dernières années (l’échec du capitalisme, la chute du mur de Berlin, la libéralisation des échanges,…). Appuyé par des schémas précis sur les manipulations financières de nos protagonistes, suivant le journaliste dans les méandres des opérations de Ganiant, on est ainsi à même de tout comprendre (là où Largo Winch s’en moque..). Et si le bilan final est bien amère, voir cynique et immoral, il est terriblement réaliste. Loin d’être inutile, ce 6MG sait surtout faire rire, dans un mano à mano entre deux personnages stéréotypés (le patron capitaliste de droite, le journaliste têtu de gauche…) mais sympathiques, où à certains moments la fiction rattrape la volonté de ne pas trop se détacher de la réalité. Faux documentaire, mais vrai film pour ce pastiche de l’actualité économique, et d’une vue du patronat français réactualisé à l’heure d’aujourd’hui.

Merci à TousCoProd pour l’invitation, système mutualisé de coproduction en ligne, nouvelle forme de cinéma (à défaut de proposer ça pour investir dans le capital d’une grande société?). La fiche du flim par ICI. Il reste des places à prendre, tentez l’OPA sauvage!