depassouline
En général, le biographe passe des années avant de trouver lerosebudde son héros, ce petit rien, cet infime détail, cet objet, ce lieu, ce mot ou cette parole, qui le résume et le reflète secrètement. Avec Bernard Pivot, inutile de chercher : lemesmotsrialiste nous l’offre. Sonrosebudgît là où nul n’aurait été le chercher : au fond de sa poche droite. DansLes mots de ma vie(355 pages, 20 euros, Albin Michel), l’explication du mystère talismanique se trouve à l’entrée « Marron » : un vulgaire marron ramassé en septembre qu’il ne cesse de triturer et qui lui dure généralement toute une année. Un demi-siècle qu’il en est ainsi, depuis qu’une tante spécialisée en pharmacopée champêtre lui a recommandé le port de ce gri-gri dans sa poche. Ce qui lui était conseillé à l’origine pour lutter contre les rhumatismes a étendu son pouvoir jusqu’à tout excès nerveux.
Jamais il n’aurait écrit ses Mémoires au sens où tant d’éditeurs les guettaient. Ronds, classiques, anecdotiques. Le retour de passé ne pouvait advenir que de biais. Ce ne sont donc pas des souvenirs mais des explosions d’autrefois chez un amnésique qui se soigne. Voilà donc le livre d’un homme qui a vécu par et pour les livres, dans la compagnie des écrivains, mais que sa sagesse paysanne a préservé de ne jamais se croire l’un d’eux.
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