Laurent Gbagbo arrêté en Côte d'Ivoire : la roue a tourné, mais pour combien de temps ?

Publié le 17 avril 2011 par Vindex @BloggActualite

-Laurent Gbagbo au Golf Hôtel après son arrestation par les FRCI-


Les choses s’accélèrent en Côte d’Ivoire. Après l’opération fulgurante menée par les FRCI, l’intervention encore difficile à interpréter de l’ONUCI et des forces de la Licorne, Laurent Gbagbo a pour finir céder. Il a été mis en état d’arrestation lundi 11 avril en compagnie de son épouse Simone et d’un de ses fils. Que va-t-il se passer en Côte d’Ivoire ?

Le problème est maintenant la pacification de la Côte d’Ivoire, pour Alassane Ouattara et son gouvernement. Et ce ne sera pas une mince affaire. En effet, Abidjan reste dans une situation chaotique. Les Jeunes Patriotes de Charles Blé Goudé, fidèles à Gbagbo, ont investi certains quartiers où ils n’hésitent pas à tirer contre les FRCI. Des tirs d’armes lourdes retentissent encore dans la capitale, que les forces fidèles à Ouattara tentent de vider des derniers fidèles armés de l’ancien président. De même, certains accusent les FRCI d’en profiter pour mener des pillages. Pourtant Laurent Gbagbo comme Alassane Ouattara semblent résolus à négocier et à cesser le feu, ce qu’ils demandent à leurs troupes respectives. Aussi il nous faut faire un point sur la situation politique, encore complexe. En effet, ADO promet un gouvernement d’Union Nationale pour tenter de réconcilier le pays, ce qui attire d’ores et déjà des anciens fidèles du FPI : Alcide Djédjé, ancien ministre des affaires étrangères qui auraient négocié avec le camp d’en face avant même l’arrestation de son président ; et Désiré Dallo, ministre des finances qui est déjà rallié. Les forces de l’autorité de l’Etat (armée, police, gendarmerie) ont également fait allégeance au nouveau président, notamment Philippe Mangou entre autres. Toutefois, tous les fidèles de Gbagbo n’ont pas encore laissé de nouvelle d’eux, ni pour se rendre, ni pour négocier. Cela doit attirer toute notre attention sur d’éventuels revirement nouveaux. D’autant que Désiré Tagro, ancien ministre de l’intérieur sous Gbagbo, a connu une fin tragique dont l’interprétation pourrait avoir une influence sur la suite des évènements. Si certains affirment qu’il s’est suicidé, d’autres disent qu’il s’est fait assassiné par les FRCI. Pour s’en convaincre, Guillaume Soro a demandé une autopsie de la victime. Laurent Gbagbo, quant à lui, semble être en sécurité au nord du pays après avoir passé un temps au Golf Hôtel d’Abidjan. La pacification et la réconciliation devra passer par la difficile étape de la procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo et ses collaborateurs et des éclaircissements sur les évènements politiques des dernières années.
Les réactions internationales face au déroulement des opérations.

Il convient de revenir sur les commentaires qui concernent les opérations dans leur déroulement en Côte d’Ivoire. En effet, si la présence sur place de l’ONU et des forces françaises de la Licorne n’est pas contestable, nous avons pu voir que leur rôle dans le déroulement des évènements dans le pays et surtout à Abidjan fut assez trouble. Mandatées pour protéger les civils contre les armes lourdes, ces forces armées ont eu un rôle réel plus troubles et confus, comme nous l’avons vu dans l’article précédent. Nicolas Sarkozy ainsi que le porte parole du gouvernement François Baroin ont réaffirmé le professionnalisme des forces françaises présentes sur place, qui ont agit dans l’intérêt des civils et des ressortissants français à la demande de l’ONU. Le ministre de la défense Gérard Longuet a lui ajouté depuis Toulouse que les forces ne sont pas allées au-delà du mandat et que le président Laurent Gbagbo s’est rendu aux FRCI. Il prône l’Etat de droit en Côte d’Ivoire. Toutefois, des voix plus ou moins importantes s’élèvent dans la communauté internationale, notamment celle du sénateur républicain James Inhofe qui a accusé mardi la France d’avoir mené une politique impérialiste et néocolonialiste en Côte d’Ivoire. Il a appelé une audition devant la commission des affaires étrangères sur les « bombardements et les massacres par les nations unies, la France et les rebelles de Ouattara. Proche du président arrêté, il affirme que Laurent Gbagbo n’est pas le problème et que celui-ci avait connu des brutalités lors de son arrestation. A l’inverse, le président Barack Obama a félicité Alassane Ouattara pour sa prise de pouvoir. Le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, se réjouit de la chute de Laurent Gbagbo, qui a été nécessaire pour que l’Afrique puisse encore organiser des élections selon lui. Celui-ci réaffirme que la décision émane (certes indirectement) des Africains par le biais de l’Union Africaine et de l’Afrique de l’Ouest. Ce soutien à d’ailleurs entraîné une « chasse aux Sénégalais » à Abidjan par les fidèles à Gbagbo. Cette position du président sénégalais n’est guère surprenante, les relations avec Laurent Gbagbo ayant été houleuses depuis 2001. Dans cette logique internationale, nous pouvons dire que la fille de Simone Gbagbo, Marie Antoinette Singleton, tente de porter la contestation à une échelle internationale en saisissant des avocats du bureau de… Paris, afin d’assurer la défense du couple présidentiel et des membres de leur famille et collaborateur. Maîtres Dumas et Vergès, qui avaient soutenu le président sortant en décembre en dénonçant l’ingérence française vont devoir à leur tour…s’ingérer dans cette affaire (si ce n’était déjà pas le cas).La reconstruction du pays : Maintenant que les tensions politiques sont atténuées, le pays peut se reconstituer économiquement. Mais cela sera difficile, à l’image de l’importance du marasme qui a frappé le pays depuis la crise électorale. Le FMI semble pouvoir aider le pays, tout comme la France, qui apporterait 400 millions d’euros comme l’a annoncé la ministre de l’économie Christine Lagarde. Cette aide doit surtout faire face à la situation d’urgence que connaît Abidjan et le reste du pays : rétablir les circuits financiers est la condition si ne qua non de cet apport, qui devrait relancer les services publics essentiels et permettre les dépenses de première nécessité pour le peuple (son approvisionnement en eau, en nourriture, en énergie). Cette aide a un second but à plus long terme : relancer l’économie ivoirienne et la libérer de certains arriérés. La reconstruction économique passera sans doute également par la réouverture des deux principaux ports du pays (Abidjan et San Pedro), prévue pour cette semaine par Patrick Achi porte parole du nouveau président.


SOURCES : -Afrique 7-20 minutes-Google -France Soir -Le Post -Jeune Afrique Vincent Decombe