De grands stades, pas de grands matchs

Les media s'en sont fait l'écho, un record a été battu à l'occasion de la 24ème journée de Top14, celui du nombre de spectateurs dans les stades. Près de 180 000 personnes sont venues garnir les tribunes pour cette antépénultième journée de la saison régulière.

Ce record est tombé grace à la délocalisation concomitante de deux rencontres, Stade-Français face à Clermont au Stade de France et RC Toulon contre Toulouse au Vélodrome de Marseille. A elles deux, ces rencontres ont attiré pas loin de 130 000 personnes.

Pour autant, si l'affluence fut au rendez-vous pour ces deux matchs, on ne peut pas en dire autant du beau jeu. On ne sait pas s'il faut en blâmer l'enjeu, car dans les deux cas, l'un des deux adversaires jouait son destin dans le Top14 2010-2011. Clermont d'abord, qui se devait de l'emporter à Paris. L'objectif est rempli avec une victoire sans grand panache sur le sol dyonisien. Mais au prix d'un jeu médiocre et d'erreurs à répétition face à un Stade Français plutôt démobilisé. Ce deuxième succès Auvergnat à l'extérieur (après une victoire à Bourgoin) n'augure pas vraiment de lendemains qui chantent, tant la prestation des coéquipiers d'Aurélien Rougerie fut, disons-le, assez éloignée des standards d'un champion souhaitant conserver sa couronne.

Une couronne qui pourrait prendre la direction du Capitole cette année, à condition d'en finir avec les sautes de niveau que connait le Stade Toulousain en cours de rencontre. Face à une - finalement - vincible armada Haut-et-Garonnaise, le Rugby Club Toulonnais devait l'emporter pour conserver ses chances au classement. Comme Clermont, les Varois ont préservé l'essentiel, à savoir la victoire. Par rapport à l'ASMC, le RCT aura au moins mis de l'intensité à défaut d'autre chose. Cette équipe se cherche encore, ce qui est ennuyeux à deux journées de la fin de la saison régulière. On lui souhaite (sans trop y croire cependant) de se trouver.

En attendant, ses qualités de coeur lui permette de nourrir des ambitions de qualifications et pourquoi pas, de demi-finales. Mais il reste aux hommes de Philippe Saint-André deux rendez-vous capitaux contre Perpignan puis à Montpellier, deux concurrents directs.

L'USAP a été plutôt à son avantage face au Racing Metro, et ne se présentera sûrement pas en victime expiatoire à Mayol la semaine prochaine. Quant aux Montpellierains, leur revers à domicile, contre des Bayonnais qui ont démontré leurs ressources morales dans la période que l'on sait, on n'est pas certain qu'il ne soit pas susceptibles d'un effondrement en bonne et due forme. Après avoir occupé sans discontinuer les premières places, les coéquipiers de François Trinh-Duc pourraient bien tout perdre dans les deux prochaines journées.

Le suspens est intense pour l'attribution des six premières places, même si on peut estimer que Toulouse et le Racing sont à peu près certains d'en être à l'issue de la dernière levée. C'est tant mieux pour l'intérêt du championnat. Mais il est tout de même étonnant de voir une grande partie des équipes pratiquer un jeu assez pauvre et/ou inefficace, entâché de nombreuses fautes de mains.

A l'image de son équipe nationale, le rugby Français brille actuellement davantage par le combat et l'intensité mise dans les rencontres que par la qualité de son jeu.