Herschel observe des filaments de gaz au sein des nébuleuses

Publié le 17 avril 2011 par Pyxmalion @pyxmalion

Filaments de gaz dans le complexe IC5146, observés dans l'infrarouge avec le satellite Herschel

Des astronomes révèlent avec le satellite Herschel des filaments de gaz étroits agités par des vents supersoniques.
On pourrait également sous-titrer « Dans l’intimité des nuages moléculaires où d’innombrables étoiles sont en gestation ! ».

Pour mieux comprendre les mécanismes de formation des étoiles et surtout les étapes préalables à leurs façonnements, les astrophysiciens bénéficient d’un remarquable outil d’observation, le télescope spatial Herschel.

Depuis bientôt 2 ans (Herschel fut lancé le 14 mai 2009), le satellite mis au point par les européens (ESA) scrute méticuleusement – entre autres cibles – les vastes nuages moléculaires éparpillés dans la Voie Lactée. Dans les moindres recoins de ces régions froides (-260° C), ses caméras sondent les parties les plus remarquables, denses et mouvementées, en quête du plus petit indice de nodosités et autres maigres agrégats de matière …, signant l’imminence d’une naissance d’étoile.

Sensible au rayonnement infrarouge submilimétrique, les caméras ont permis à une équipe de chercheurs de révéler d’improbables filaments de gaz s’étirant dans l’antre de plusieurs nébuleuses (voir l’image ci-dessus). Les astronomes ont privilégié des complexes tissés de gaz et de poussières relativement proches de nous, tels que IC5146, Aquila et Polaris. Doris Arzoumanian du laboratoire AIM Paris-Saclay, CEA/IRFU et auteur de l’étude, de s’exclamer : «curieusement, on remarque aujourd’hui que chaque filament est de la même largeur et ce quelle que soit la densité et la longueur de chaque filament, c’est une vraie surprise.» 0,3 années-lumières (20 000 fois la distance entre la Terre et le Soleil !), c’est la largeur régulièrement constatée dans les 90 cas de filaments étudiés.
Les modèles suggèrent aux chercheurs que ces structures sont créées par de violentes et multiples « turbulences interstellaires ». Parmi elles, il y a celles causées par des étoiles massives qui explosent, plus connues sous le nom de supernovae. Quand ces étoiles s’effondrent sur elles-mêmes, l’explosion bouscule le milieu interstellaire, éjectant de la matière à des vitesses supérieures à celles du son (dans l’espace interstellaire froid, le son se déplace à la vitesse de 200 m/s. !). Le « bang » provoqué comprime ensuite le gaz « hagard » et effiloché dans le nuage moléculaire. Celui-ci est déchiré et dépecé en de plus petits lambeaux que nos astronomes ont pu détecté avec le prodigieux satellite Herschel !
Ces maigres et toujours froids filaments constituent une étape majeure dans le processus de la condensation de la matière qui conduit à la formation d’une étoile voire de plusieurs systèmes.

Une enquête difficile pour les astronomes sur la genèse des étoiles à laquelle contribue grandement le satellite de l’ESA.

Source : ESA/Herschel.

Crédit photo : ESA/Herschel/SPIRE/PACS/D. Arzoumanian (CEA Saclay) for the “Gould Belt survey” Key Programme Consortium.