« 41€ pour une poignée… », Davy Mourier

Petite présentation du dernier ouvrage de Davy Mourier « 41€ pour une poignée de psychotropes » publié aux éditions Adalie et Ankama en Janvier dernier. Dépression assurée !

« 41€ pour une poignée de psychotropes » est un ouvrage de Davy Mourier sponsorisé par les Psychologues et les Psychiatres de France qui vous promet dès les premières pages une « vraie dépression ». Pas la petite déprime des bacs à sable car on a loupé une enchère sur Ebay ou que l’on a malencontreusement marché sur une merde juste avant un entretien d’embauche. Non la vraie dépression celle qui se faufile à l’intérieur de vous tout doucement, s’installe et attend le moment propice où vous serez tellement faible pour la combattre qu’elle vous dévorera entièrement.

C’est l’histoire d’un mec. Jusque là rien de bien folichon, rien d’original me direz-vous. Mais c’est l’histoire d’un mec narcissique (le psy lui fait même remarquer) qui décide d’utiliser un ouvrage pour faire sa propre thérapie. Certains préfèrent s’asseoir sur un divan et parler pendant des heures et des heures, Davy a préféré reprendre cinq ans de contenu autobiographique sur une partie triste de sa vie pour faire le point. Pour se faire il a décidé d’utiliser un support original qui ramènera bien des lecteurs dans la période lointaine qu’est l’enfance : un cahier à spiral. Vous vous souvenez, celui dans lequel vous gribouilliez à côté des leçons et des dictées ? Celui que votre maîtresse qualifiait d’ignominie, de brouillon en vous montrant celui d’un autre élève pour comparer ce qui forcément n’était pas comparable ? Tout est là : les dates, le collage (photo, emballage de malabar, étiquettes, publicité..), les annotations, les tâches d’encre, les dessins (crayonné, strip..). A noter la présence d'un macaron « Vu dans Envoyé Spécial » en référence à la parodie que l’auteur avait fait d’une émission traitant de l’adulescence. Ou comment transformer la réalité en montrant que tous les joueurs de jeux vidéos sont des terroristes en puissance, des psychopathes en devenir et qu'ils ne sortent jamais ô grand jamais de chez eux…

Comme toute thérapie, il faut donc parler de l’enfance, période qui définit le futur adulte que l’on sera, où l’on aime forcément sa mère et que l’on souhaite forcément tuer son père, où l’on veut devenir un super-héros sans savoir qu’on finira par être au chômage… Oui, la période où le monde est beau et tout le monde est gentil (Des bisous partout Ouh Ouh Ouh Ouh / Sur le nez dans le cou Ouh Ouh Ouh Ouh). Mais Davy n’est pas comme tout le monde. Déjà il avait décidé une chose qui allait foncièrement définir sa vie : « Je ne veux pas grandir ». Bercé par Maya, Goldorak, Ulysse et Astérix, il est très rapidement confronté à sa future compagne de toujours : la mort avec qui il va entretenir une relation plutôt fuyante.  Puis il faut parler de l’adolescence période infernale de l’impopularité, des moqueries et du renfermement sur lequel il ne s’étalera point. Mais voilà il faut bien parler de la raison d’une telle thérapie et c’est l’amour sur son blanc destrier qui arrive fièrement pour s’en aller peu de temps après la queue entre les jambes, les bras déchiquetés. C’est le début de la thérapie avec un autre style de dessin. Pendant quelques pages fini les petits croquis place aux strip souvent en trois cases où l’on voit Davy accompagné de son psy. Il y parle de la solitude, de son attitude vis-à-vis de la psychologie (la fameuse théorie freudienne), du fait qu’il pense être auto-dépressif, qu’il préfère être malheureux qu’heureux, qu’il se pose des questions sur sa sexualité. Tout y passe. S’en suivent quelques pages dans lesquelles il tente d’expliquer ce qu’est la névrose. Il lui parait nécessaire de l’illustrer avec des citations et des exemples tout bêtes afin que tout le monde comprenne ce qui a conduit la dépression à sa porte. Car après tout la dépression il aime ça, il lui dédie même cet ouvrage.

Effectivement, dans cet ouvrage-confession Davy Mourier se met entièrement à poil, dévoilant ses craintes, parlant de son passé, de ses sentiments sans la moindre hésitation, sans la moindre retenue. Et finalement la dépression que l’on nous avait promise est bien là. Quand on ferme ce cahier à spiral deux objets se trouvent dans nos mains : la corde ou la boite de chocolat. En conclusion je conseille cet ouvrage non seulement pour son humour mais aussi pour son originalité tant sur la forme que le contenu. Il nous dévoile un tout autre Davy – le côté obscur – loin de l'image que l'on peut avoir de lui à travers les différents médias qu'il anime. Moi en tout cas j'ai adoré !!

N'oubliez pas vous avez jusqu'à vendredi pour nous adresser vos questions à Davy Mourier.
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