Par Fabienne
Une brève toute en finesse : « la Bite prisonnière du FSB » s’est vue récompensée du prix de l’innovation artistique en Russie. Le collectif à l’origine de cette réalisation se positionne en opposition au pouvoir en place…
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La censure artistique a encore de beaux jours devant elle… Elle s’avère même très présente ces derniers jours dans les actualités, j’abordais tout récemment le sujet avec l’accueil reçu par le Piss Christ de Serrano à Avignon, la chose se renouvelle à la Biennale de Sharjah pour l’artiste algérien Mustapha Benfodil et le directeur de l’évènement, mais également en chine pour Ai Weiwei. La Russie, pas en reste, a déjà largement fait parler d’elle : on se souviendra de l’épopée subie par Adveï Ter-Oganian à l’occasion de l’exposition Contrepoint, l’art contemporain russe au Louvre. L’impertinence de certaines œuvres, fait dans de nombreux cas vendre et parler, néanmoins elle ne reste bien souvent pas sans fâcheuses conséquences… Dans le cas du groupe Voïna, ce qui a attiré ma curiosité était bien sûr l’idée qu’un phallus tagué -de la sorte- puisse faire l’objet d’une dotation officielle « prix de l’innovation artistique ». Cette curiosité a été largement comblée par le site du collectif sur lequel on peut retrouver de quoi percevoir l’étendue des actions du groupe et leur nature parfois surprenante.
Voïna, le collectif d’artistes contestataires derrière cette performance d’une soixantaine de mètres de haut -tout de même-, s’est manifesté à plusieurs reprises au cours de performances « extrêmes » ce qui a valu à certains d’entre eux des peines d’emprisonnement.
L’objet du délit évoqué ce jour ici aurait également pu provoquer de nombreux remous le gigantesque pénis taggué figure sur un pont levant en face des bureaux du FSB (service fédéral de sécurité, issu de l’ex-KGB) à Saint-Pétersbourg. Le pont Liteïni se relèvant en soirée pour laisser passer les navires, découvrant ainsi le tag a destination du FSB. Effacé quelques heures après sa réalisation, les vidéos tournées alors ont largement fait le tour de la Russie avant de faire tout dernièrement parler d’elles avec l’annonce de ce prix artistique.
Le making of :
Et une courte vidéo Arte sur Le collectif :
Le prix ? Celui de « l’innovation 2011 dans le domaine des arts visuels » délivré par le Centre d’art moderne du ministère de la culture à l’origine de la compétition, comprend une dotation d’environ 10 000€ (400 000 Roubles) une surprenante nouvelle quand l’on sait dans quel contexte « La bite prisonnière du FSB » a vu le jour. Il y a presque un an déjà que le groupe a apposé cette singulier mais hautement symbolique pied-de-nez au régime. Fréquemment poursuivis en justice, le groupe est aujourd’hui encore victime de ses actions contestataires.
Le collectif ne s’est pas présenté à la cérémonie associée à cette dotation qui a eu lieu le 07 avril dernier, 25 œuvres avaient été sélectionnées par un jury d’experts. Un prix raillé par le collectif mais qui vient saluer les actions et leur succès en Russie. Un des chefs de file du groupe, Leonid Nikolaïev, surnommé Lonia le dingue s’en est expliqué auprès de à l’AFP :
Il n’y a pas de quoi se vanter, pour nous c’est secondaire.
Pour le petit rappel, vous avez sans doute vu passer l’information il y a quelques mois de cela : Banksy s’investissait dans le soutien d’artistes victimes des répressions russes en payant la caution demandée… Il s’agissait de Voïna dont leaders, Oleg Vorotnikov et Leonid Nikolaïev avaient alors été incarcérés pour avoir renversé des véhicules de police en plein coeur de Saint-Pétersbourg. Cette protestation contre « l’arbitraire et la corruption des forces de l’ordre », même soutenue par le grand nom du street art, risque encore de couter sept années d’emprisonnement aux membres inculpés.
Les actions réalisées par le groupe -et leurs conséquences- sont à découvrir sur le site Voïna Libre : http://fr.free-voina.org/
Via AFP