Moi, Caravage

Publié le 16 avril 2011 par Ladrevert

Après la sortie théâtre avec ma chère Raphaelle, j’ai tenté l’expérience mystique de la pièce Dialogues avec l’ange, puis toujours grâce à Montaine : Moi, Caravage.

J’assistais à la fin des représentations, qui ont depuis repris au théâtre Lucernaire récemment et j’aurais dû commenter plus tôt, pour vous inciter à aller voir cette pièce, il est encore temps et j’espère que vous pourrez aller vous y réjouir.

Que dire ? j’ai été bercé au théâtre grandiose de Savary, et je reprends avec des spectacles minimalistes. Moi Caravage m’a totalement envouté, ce qui est plutôt rare… la petite salle, la proximité avec le comédien, le jeu de lumière qui reprend avec intelligence le clair-obscur du peintre Caravage, donne, couplé à l’énergie presque palpable de l’enflammé Cesare Capitani et à ses boucles  noires, une force inouie, le tout renforcé par la mise en scène (3 ruptures qui s’accélèrent : le départ pour Rome, Malte, et le voyage vers la mort). Le seul point qui ne m’avait pas séduit étaient les chants de l’actrice, fort charmante mais dont les vocales m’étaient stridentes. Elle a changé pour la reprise. Je suis curieux de revoir la pièce avec cette nouvelle distribution de 2 acteurs…

Cesare Capitani est accompagné d’une seule actrice et pourtant on a l’impression d’avoir tout l’Italie de l’époque sous nos yeux. Si on connait un peu la vie du peintre ou son oeuvre, les échos vous envoutent, les passions de l’artiste sont là mises à nu, palpables, son insoumission, sa violence, son génie, ses désirs, sa sexualité… et comme dans sa peinture son côté obscur,comme le lumineux de son inspiration… Caravage, l’affront à la morale, le génie insoumis, jusqu’à la mort, l’hypocrisie de la bienséance, rafraichissant à notre époque ou la censure ou l’autocensure, à cause de la peur, de la bien pensance sont toujours là…

Voilà, vous aurez toutes les contradictions d’une vie et d’une passion exacerbée sous vos yeux, une fragilité inouie doublée d’une force et une soif d’absolu aussi grande, ne pouvant mener qu’à l’autodestruction.

Un extrait video du spectacle ici (bien moins percutant qu’en scène)

Sur Caravage, un site généraliste ici, une analyse de l’éclairage là (obscurité et intimité, réalisme, dépouillement qui met le corps en avant et je dirais même sensualité, c’est ce que l’on ressent bien dans l’oeuvre du maitre et dans la pièce c’est la sensualité inouie de son art religieux…)

A noter : j’ai apprécié également l’accessibilité de l’acteur après la pièce, ainsi que la vente d’un petit ouvrage fort intéressant sur la pièce.